En 1790, un rapport dressé après un inventaire fait par la municipalité de Fontevrault, présidée par le citoyen Alexandre Guerrier, maire, ancien moine de l’Ordre et ancien curé de la paroisse , va nous faire connaître le local et le nombre des livres qui se trouvaient encore dans le prieuré Saint-Jean-de-l’Habit ; beaucoup avaient été déjà soustraits, chacun les emportant selon son bon plaisir ; des frères mêmes de Tordre ne se firent pas faute d’en enlever , sans doute comme souvenir de la retraite qu’ils allaient bientôt quitter.
« Nous sommes montés dans une grande bibliothèque étant dessus le porche en la longueur d’environ 50 pieds sur 15 de large, dans laquelle il s’est trouvé environ 4,000 volumes non suivi, de différents auteurs grecs et latins mutilés et en fort mauvais état, étant dans des cases en bois non fermées, de hauteur d’environ 9 pieds, garnies de haut en bas.
Au-dessus desquelles cases se trouvent 28 tableaux servant de frontispice. Plus une sphère, deux globes. Qui est tout ce qui se trouve dans la grande bibliothèque.
De la nous sommes entrés dans une autre petite bibliothèque, attenante à celle ci-dessus, dans laquelle s’est trouvé 1500 volumes, tant grands que petits, contenant : Un Atlas défiguré, le Dictionnaire de Moréri, celui de Trévoux, la collection des Conciles, la Bibliothèque des Pères, » l’Histoire ecclésiastique, l’Histoire des auteurs modernes ecclésiastiques et une infinité d’autres ouvrages de piété non suivis »
En 1792 l’administration du district, après en avoir fait conduire à Saumur « la majeure partie et » la meilleure, voulant mettre fin à la dilapidation » qui se faisait journellement, » fit vendre tout ce qui restait de livres, ainsi que les boiseries et les tablettes des rayons. Le tout fut adjugé aux citoyens Prouteau, Maudit, Baudoin le jeune, Lirel et Desparenches, la somme de 230 livres.
Il ne reste plus rien du couvent de Saint-Jean-de-l’Habit, qui contenait ces riches bibliothèques. Vendu et démoli pendant la révolution, aucun vestige n’en est demeuré qui puisse indiquer au voyageur l’endroit où fut la retraite des moines de cet ordre si puissant. Bâti à peu près en même temps que le Grand-Moûtier il contenait cependant des monuments dignes de fixer l’attention des archéologues ; l’église, surtout, était un beau spécimen de l’architecture du xiie siècle.
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