Rappel :
Il a lieu d’entendre par canon un (des)Petit(s) panneau(x), de forme rectangulaire souvent encadré(s), portant, imprimés ou manuscrits, certains textes invariables de la messe et utilisés comme aide-mémoire par l’officiant. Les canons sont souvent au nombre de trois, celui du milieu, plus grand que les deux autres, peut être pliant.
Le canon central est le seul qui concerne le Canon au sens strict (depuis la fin du Sanctus jusqu’au Pater), les deux autres sont le canon du lavabo (à droite, côté Epître) -en regardant l’autel- et le canon du dernier évangile (à gauche, côté Evangile.
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Le canon d’autel dont il est question ici a la forme d’un triptyque, triptyque haut de 33 cm, large de 36 cm quant les volets sont clos et de 75 cm quand ils sont ouverts, triptyque qui unit donc les trois panneaux présentés comme séparés ci-dessus
Sur ce canon d’autel, décoré d’émaux qui pourraient avoir pour auteur Léonard Limosin et de broderies, on reconnaît deux écussons aux armes de Lorraine-Guise, les armes de la maison de Bourbon (De France à la bande de gueules), et le mot Fontebrault.
De gauche à droite , selon la vision qu’a le célébrant monté à l’autel, les scènes en émaux représentent :
– La nativité du Christ
– La crucifixion du Sauveur
– Le Christ ressuscité apparaissant à la Madeleine, scène dite aussi : « Noli me tangere »
Ce canon a du être brodé vers 1547 par Madeleine de Bourbon-Vendôme religieuse de Fontevraud à l’origine, et plus tard Abbesse de l’Abbaye Sainte Croix de Poitiers, sous les auspices de l’Abbesse Louise de Bourbon ,dont l’Abbatiat s’étendit de 1535 à 1575, et par ailleurs tante de Charles de Lorraine Guise.
Ce canon était destiné au cousin germain de Madeleine, Charles de Lorraine Guise, d’où les armoiries des Lorraine-Guise. Ce qui permet de plus l’attribution de l’oeuvre à Madeleine de Bourbon, c’est la sinature autour des armes de la Maison de Bourbon , cette fois : « M.d .B. f » soit Madeleine de Bourbon fecit.
C’est d’ailleurs Madeleine de Bourbon qui est représentée , et ceci est un ajout aux armoiries de l’Abbaye royale, sous les traits de Marie-Madeleine, sa sainte patronne, embrassant le pied de la Croix dans la partie centrale .
La même partie centrale donne à voir Robert d’Arbrissel , agenouillé derrière saint Jean
Le canon d’autel de Fontevrault au musée de Naples
Auguste Castan, Bibliothêque de l’Ecole des Chartes ; Année 1882 Volume 43
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1882_num_43_1_447083