A l’extrémité du réfectoire du Grand-Moûtier s’élève un curieux bâtiment qui, autrefois suscita de nombreuses hypothèses: on y vit le repaire du bandit Evrault, une chapelle funéraire et en fin Prosper Mérimée pensa qu’il s’agissait d’un baptistère du XII e . Ce fut un archéologue anglais qui trouva la solution en reconnaissant là une cuisine romane. Au XII e siècle, il existait une dizaine de telles constructions dans les abbayes bénedictines situées dans le bassin de la Loire moyenne, mais celle de Fontevraud est une des rares parvenues jusqu’à nous.
Bâtie grâce à un don d’Henri II Plantagenêt entre 1144 et 1189, cette vaste cuisine circulaire en pierre appareillée, comprenant cinq fours et vingt cheminées était nécessaire afin de nourrir les cinq cent personnes résidant au monastère au XII e siècle, consommant des viandes et des poissons fumés.
A l’origine, sans doute pour éviter des risques d’incendie, la cuisine était indépendante. isolée à l’ouest du refectoire. Au XVI e, elle fut désaffectée à cause de la construction de nouvelles cuisines . Celles-ci élevées dans le prolongement du réfectoires se rattachérent aux cuisines romanes en entraînant la suppression de deux alvéoles qui manquent toujours aujourd’hui.
S’agissant de la cuisine romane, sa technique de construction est remarquable, seules des formes simples ont été utilisées afin de réaliser ce chef d’oeuvre d’architecture fonctionnelle. Les parties hautes sont recouvertes d’écailles, selon une habitude typiquement angevine. . Les huit absides initiales correspondaient aux foyers. Sa qualité de construction est égale à l’ensemble de l’abbaye
De l’octogone de base où sont disposés les foyers, on passe à un volume carré défini par quatre grands arcs et limité aux angles par quatre trompes servant d’appui à la pyramide à nouveau de forme octogonale. Au sommet, sont ordonnés géométriquement les conduits d’évacuation de la fumée autour du conduit central. En 1902, Lucien Magne chargé de « restaurer » l’édifice, prit la liberté d’ajouter des clochetons de style byzantin .
Dans cette ancienne cuisine à l’excellente acoustique peuvent être donnés des concerts de musique de chambre.
Marie-Christine GRAVE-du-BOURG