Dans ce temps où sa faveur croissait, où madame de Montespan touchait à sa chute, ces deux rivales se voyaient tous les jours, tantôt avec une aigreur secrète, tantôt avec une confiance passagère, que la nécessité de se parler et la lassitude de la contrainte mettaient quelquefois dans leurs entretiens
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Les Mémoires donnés sous le nom de madame de Maintenon rapportent qu’elle dit à madame de Montespan, en parlant de ses rêves : «J’ai rêvé que nous étions sur le grand escalier de Versailles : je montais, vous descendiez : je m’élevais jusqu’aux nues, vous allâtes à Fontevrault. » Ce conte est renouvelé d’après le fameux duc d’Epernon, qui rencontra le cardinal de Richelieu sur l’escalier du Louvre, l’année 1624. Le cardinal lui demanda s’il n’y avait rien de nouveau. « Non, lui dit le duc, sinon que vous montez, et je descends. » Ce conte est gâté en ajoutant que d’un escalier on s’éleva jusqu’aux nues. Il faut remarquer que dans presque tous les livres d’anecdotes, dans les ana, on attribue presque toujours à ceux qu’on fait parler des choses dites un siècle et même plusieurs siècles auparavant.