L’extérieur de l’édifice reflète parfaitement sa structure interne. Les absidioles, séparées par des contreforts-colonnes, sont surmontées de hottes coniques. Les lanternons hérissant la couverture de la cuisine ont été remontés par l’Architecte Lucien Magne à partir des représentations de cuisines similaires ; de même les modillons ne datent que de cette campagne de restauration. Le décor en écailles des toitures, en revanche, a été restitué à partir de témoins, encore en place.
Les avis restent toujours partagés quant au fonctionnement de cet édifice. Viollet-le-Duc, pour qui chaque absidiole constituait une cheminée, a proposé un parcours de la fumée. Celle qui ne s’échappait pas directement par les tuyaux des cheminées des absidioles était happée par les autres conduits, notamment le grand cône central qui « faisait échapper la buée qui pouvait se former dans la cuisine ».
M. Michel Melot*, conservateur général du patrimoine , qui s’appuie sur différents exemples, tant médiévaux que modernes, estime que ce bâtiment avait essentiel- lement vocation de fumoir, à partir d’un foyer central, les absidioles servant à disposer les viandes à fumer.
S’il est difficile de trancher entre les deux hypothèses, la fouille récente des cuisines romanes de l’abbatiale de Saint-Philibert de Tournus (71700) permet une précieuse comparaison, malgré l’âge plus récent des vestiges mis au jour. En effet, les trois absides renfermaient une grande quantité de cendres témoignant de la présence de foyers ; rien de tel n’a été observé en partie centrale, qui apparaît dégagée.
Les deux fonctions ne sont par ailleurs pas incompatibles, sachant qu’il était indispensable de disposer d’une cuisine adaptée à l’ampleur de la communauté et que cet espace est le seul qui corresponde à cette nécessité.
http://www.editionsgaud.com/download/ex_fontevraud.pdf
* Dans sa thèse L’abbaye de Fontevrault de la réforme de 1458 à nos jours : étude archéologique .