En mai 1152, Aliénor épouse Henri Plantegenêt, duc de Normandie et comte d’Anjou. Il devient, en novembre 1154, roi d’Angleterre. Le couple est couronné à Westminster le 19 décembre suivant. Les époux, sans être vraiment en désaccord, vivent séparés pendant près de vingt ans. Pourtant, naissent de cette union huit enfants, dont Richard Cœur de Lion (comte de Poitou, puis roi d’Angleterre) -1157-1199-, Jean Sans Terre -1166-1216- et Aliénor -1161-1214-, future mère de Blanche de Castille. Aliénor et Henri II chevauchent continuellement leurs immenses possessions. Pour s’assurer de la fidèlité des Poitevins, Henri II confie, en 1168, l’administration du Poitou à Aliénor. À Poitiers, la reine vit entourée d’artistes et de troubadours, dont Bernard de Ventadour ; elle suscite nombre d’œuvres littéraires tant en langue d’oïl (notamment Brut de Wace, Roman de Troie de Benoît de Sainte-Maure) qu’en langue d’oc (Girart de Roussillon). Mais, impliquée dans la révolte des princes royaux contre Henri II -1173-, elle est arrêtée et emprisonnée en Angleterre jusqu’à la mort du roi -mars 1189-.
Libérée peu après, elle fait preuve, en dépit de son âge, d’une activité débordante : elle délivre alors, comme reine douairière, la plupart de la centaine d’actes intitulés à son nom ; elle réunit la rançon nécessaire à la libération de Richard Cœur de Lion, qu’elle s’empresse d’aller chercher en Empire -1194-. Puis, à la mort de ce dernier -mars 1199-, elle confie le trône d’Angleterre à Jean Sans Terre au détriment de son petit-fils Arthur ; au cours de l’hiver 1199, elle va en Castille pour prendre sa petite-fille Blanche, destinée à épouser Louis, fils de Philippe Auguste. Au printemps 1200, elle se retire à Fontevraud, où elle meurt -31 mars ou 1er avril 1204- et est inhumée.
Source : Jean Dufour – Directeur d’études à la IVe section de l’Ecole pratique des hautes études.