Les pieuses femmes qui donnaient l’exemple d’un pareil attachement à leur règle appartenaient aux premières familles de France et de l’Europe. On vit entrer à Marcigny (71110)- « site clunisien – , dès l’origine, une grande partie de la famille du fondateur. Aremberge de Vergy, sa mère, y vécut sous l’autorité de sa propre fille Hermengarde de Semur, qui fut, en 1061, la première prieure. La soeur d’Hermengarde, Alix, veuve du parricide Robert, y chercha la paix qu’elle n’avait pas trouvée auprès de son époux. Quand Geoffroy II de Semur, frère de l’abbé Hugues, se décida à laisser ses domaines à son fils Geoffroy III, et à entrer à Cluny avec Raynald un autre de ses fils, Alexie de Guignes, son épouse, se retira de son côté à Marcigny avec ses trois filles, Adélaïde, Cécile, Agnès. Geoffroy, nommé plus tard prieur, vit une partie de sa famille marcher sur les mêmes traces. Sa bonté et sa douceur le firent chérir des religieuses, qui l’ensevelirent avec larmes dans leur église, et le regardèrent comme leur second père et fondateur. Raynald, son fils, devint plus tard prieur à son tour, et eut à veiller sur des nièces que son frère Geoffroy III donna au monastère. Les ducs de Bourgogne, de Normandie, d’Aquitaine, les comtes d’Anjou, de Champagne, de Bigorre, de Chalon, de Mâcon, de Ponthieu, de Forez, de Beaujolais, d’Albon, les maisons de Montpensier, de Melun, de Brancion, d’Amanzé, de Dyo, de Salornay, de Damas, de Coligny, et d’autres plus célèbres, comptèrent des veuves et des filles dans cette communauté, qui, quarante ans avant Fontevrault, se trouva la plus noble et la plus illustre de la France
Histoire de l’ordre de Cluny : depuis la fondation de l’abbaye jusqu’à la mort de Pierre-le-Vénérable (909-1157). Tome 2 / par J.-Henri Pignot…
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56131230/texteBrut P. 38.
Jean de l’Habit.