Origine de la mise en ligne ci-dessous :
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Épreuves de force
Au cours des trente-quatre années qu’elle passe à Fontevrault, des conflits d’attribution lui valent des accrochages sérieux avec certains prélats, de puissants seigneurs à qui elle n’hésite par à tenir tête : l’évêque de Saint-Flour, l’évêque de Poitiers, et surtout l’archevêque de Reims.
En 1695, un édit impose que les religieuses qui souhaitent sortir d’un monastère doivent obtenir la permission écrite et motivée de l’archevêque du diocèse. Une grave atteinte à l’autorité de Marie-Madeleine. L’archevêque de Reims, soutenu par des prélats, veut faire plier l’abbesse de Fontevrault. Cette grave affaire préoccupe beaucoup l’intéressée qui, poussée à bout, implore le secours de Louis XIV :
Faudra-t-il donc voir périr entre mes mains des privilèges qui ont subsisté depuis tant de siècles ? (…) Ce n’est que par là que j’ai conservé jusqu’ici ce que j’ai reçu des princesses à qui j’ai l’honneur de succéder, et si ce secours me manque, il est impossible que j’évite la honte dont Votre Majesté s’est en quelque façon engagée à me garantir. Je n’éviterai pas non plus un malheur plus essentiel, qui serait de perdre l’estime et la confiance des personnes que je gouverne, et ainsi de ne pouvoir plus les conduire avec succès.
L’affaire est enterrée quelques années, puis se ravive en 1701 : pour défendre ses privilèges, Marie-Madeleine demande la permission au Roi de plaider contre les évêques. Elle écrit aussi à Madame de Maintenon, avec qui elle entretient une relation affectueuse, rarissime amitié chez l’épouse secrète du Roi.
Ce combat mené sans coup férir témoigne de la force de caractère de Marie-Madeleine, capable de se dresser contre tous pour défendre ses droits, dans un monde régi par les privilèges.