Archives de Tag: Abbesse Marie de Bretagne

Les Prieurés fontevristes soumis à une « Commission de la hache » par l’abbesse Marie de Bretagne et le Prieur Guillaume de Bailleul

Il faudra attendre Marie de Bretagne (1457-1477) pour qu’un mouvement de réforme s’ébauche. Elle va se faire aider surtout par Guillaume de Bailleul, religieux vicaire général de l’abbesse puis prieur de Saint-Jean-de-l’Habit. Il est chargé de dresser un état du temporel de l’Ordre de Fontevraud. Le pape Pie II autorise Marie de Bretagne à « supprimer et esteindre quelques prieurés qui seroient hors espérence de se pouvoir remettre et tout ensemble permis d’appliquer le revenu à la Crosse de l’Abbesse et à la Mense du Grand Monastère »

NICQUET (H), Histoire de l’Ordre de Fontevrault……, p. 479.

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https://prieuresfontevristes.wordpress.com/france/centre-val-de-loire/37-2-indre-et-loire/prieure-fontevriste-de-rives/

 

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L’Abbesse Marie de Bretagne, sa vie,son oeuvre.

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Classé dans Abbesses de l'Ordre, Département 49 (a) , Abbaye royale de Fontevraud

Marie-Françoise Damongeot-Bourdat : Marie de Bretagne, une des grandes dames de Fontevraud

Madame Marie-Françoise Damongeot-Bourdat, Conservateur  Général honoraire des  Bibliothéques, présente : l’Abbesse Marie de Bretagne.

http://app.ohnk.net/mariedebretagne/introduction.htm

Pour  visionner la  vidéo, merci de  cliquer  sur le lien ci-aprés :                                           http://app.ohnk.net/mariedebretagne/

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Classé dans Abbaye royale de Fontevraud, Abbesses de l'Ordre, Département 49 (a) , Abbaye royale de Fontevraud, Ordre monastique de Fontevraud en son ensemble

BRETAGNE ( Marie de ). 25 éme Abbesse et Réformatrice de l’Ordre.

Dite la première réformatrice de l’Ordre, Marie de Bretagne fut la 25 éme abbesse de Fontevraud de 1457 à 1477. Ses Armoiries sont « d’hermine au lambel d’azur semé de fleurs de lys d’or. Née de Richard, comte d’Étampes, seigneur de Clisson (fils de Jean V, duc de Bretagne) et de Marguerite d’Orléans, Elle Était cousine de Louis XII et soeur du duc de Bretagne François II.

vers 1438 à Pierrre Mariée de Rieux, Maréchal de France, Elle devint veuve au cours de la même année, à quatorze ans. Elle rejoignit Alors sa mère à l’abbaye de Longchamps where Elle se fit remarquer par sa grande piété, fils par Dévouement en vers les Pauvres et les lépreux Qu’elle soignait elle-même; Son oncle Arthur III désireux de la faire abbesse de Fontevraud, le départ de obtint l’Abbesse Marie de Montmorency grâce à l’intervention de l’évêque de Condom, Guillaume d’Étampes, et aux bulles papales.

Devenue Abbesse à Trente trois ans, Marie confronté à la ruine des prieurés, et au relâchement des Principes amorça en 1459 sa reforme qui était une retour à la stricte observance de la règle. Mais le visage aux Résistances et après le difficile Chapître général de 1461, Elle se retira  Quelques religieuses au prieuré de la Madeleine d ‘Orléans ou elle lle inaugura en 1475 sa reforme, assistée d’une commission de l’ONU Nommée par le Pape Sixte IV.

Le 13 mars 1476, le Pape promulgua une  bulle déclarant Les Nouveaux statuts obligatoires verser visite l’Ordre à partir de l ‘année suivante.

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Marie mourut le 19 octobre 1477, DANS LES fonctions, et FUT Inhumée les Réclamations des du Malgré Moniales de l’Abbaye de Fontevraud à la Madeleine d’Orléans where Elle Avait found refuge.

Le Mouvement de reforme AINSI AMORCE s’étendit sur Deux siècles et redonna à l’Ordre et spiritualité Prospérité.

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Classé dans Département 45

Joëlle Gautier-Ernoul 1996. LE RENOUVEAU DE L’ORDRE FONTEVRISTE AUX XIXe ET XXe SIECLES.


LE RENOUVEAU DE L’  ORDRE FONTEVRISTE AUX XIXe ET XXe SIECLES

Joëlle Gautier-Ernoul, 1996. (Membre de l’APF- Association des Prieurés Fontevristes-).

L’histoire du renouveau fontevriste ne peut se concevoir sans évoquer l’ordre et sa 32 éme et dernière abbesse Madame d’Antin (1765-1792 +1797), ainsi que la période révolutionnaire qui frappa l’abbaye mère et ses prieurés, et le devenir de ces moniales et moines après la loi du 2 novembre 1789 confisquant les biens du clergé, et celle du 13 février 1790 supprimant les vœux perpétuels.

Mais avant tout je parlerai de Robert d’Arbrissel, ce « fou de Dieu« , qui fonde l’abbaye en 1101.

La particularité fontevriste tient moins à son caractère double qu’au pouvoir des femmes sur les hommes.

Le renom de Robert d’Arbrissel atteint le Pape Urbain II, venu prêcher la croisade à Angers (49000). Il l’honore du titre de « semeur du Verbe Divin« .

Robert d’Arbrissel prêche dans le diocèse d’Angers et connaît un immense succès.

LE TEMPS DES FONDATIONS (*)

(*) Les sous-titres sont  du webmestre  de ce blog.

Concile de Poitiers en 1100 :

Constitution de l’ordre afin de canaliser la troupe errante qui représente une gêne potentielle du fait de l’absence de structure.

Le vallon de Fontevraud, proche de la confluence de Loire et Vienne (Candes-Saint-Martin (37500)) se situe à la limite des provinces de Poitou et d’Anjou et non loin de celle de la Touraine. Il dépend de la  paroisse de Roiffé (86120), et donc du diocèse de Poitiers dont l’Évêque est Pierre II.

Robert d’Arbrissel est le « magister » d’une communauté de femmes et d’hommes qu’il appelle les « pauperes Christi« .

Il confie la direction de son ordre à une abbesse qui a toute autorité sur les moines et les moniales. Il ordonne que les hommes, à l’exemple de Saint Jean l’Évangéliste obéissent aux femmes et que celles-ci, à l’exemple de la Vierge, aiment et soignent les religieux comme leurs enfants, en référence aux dernières paroles du Christ en croix : « Fils, voilà ta mère. Mère, voilà ton fils.

Il crée des statuts visant à renforcer la sévérité de la règle bénédictine.Grâce à l’évêque  Pierre II de Poitiers http://www.martyretsaint.com/pierre-ii-de-poitiers/, l’ordre est placé directement sous l’autorité du Saint Siège qui à travers les siècles ne contestera jamais l’autorité de l’abbesse.

De nombreux dons sont consentis par les seigneurs qui agissent à l’instigation des évêques.

Robert d’Arbrissel poursuit sa prédication et crée des prieurés à travers la France, l’Espagne et l’Angleterre.

A la fin du XIIe siècle, 154 prieurés ont été fondés.

A partir du XIIIe siècle, l’abbaye connaît une longue décadence durant trois siècles. Les malheurs de la guerre de Cent ans dépeuplent les communautés. Dans les prieurés, le relâchement s’installe.

XV e SIECLE

Il faudra attendre l’Abbesse Marie de Bretagne – 25 éme Abbesse- (1457-1477) pour qu’un mouvement de réforme s’ébauche. Avec l’aide de conseillers délégués du Saint Siège, elle rédige de nouveaux statuts qui furent approuvés par le Pape Sixte IV en 1475.

XVII e SIECLE

Puis encore deux siècles pour que l’ordre retrouve sa prospérité initiale grâce aux abbesses de la famille de Bourbon pour finalement s’éteindre avec l’expulsion de la dernière abbesse Julie de Pardaillan d’Antin le 21 septembre 1792.

XVIII e SIECLE

Madame d’Antin, 36e et dernière abbesse (1725-1792)

Julie d’Antin est née le 2 avril 1725 à Paris, fille du duc et pair de France Monsieur Louis d’Epernon d’Antin.

Elle arrive à Fontevraud à l’âge de deux ans pour y être élevée.

A sa majorité, elle retourne dans le monde, mais demande bientôt de revenir à l’abbaye où elle devient novice en 1742, à l’âge de 16 ans. Elle s’occupe de l’éducation des filles de Louis XV.

Elle y devient professe en 1753, à l’âge de 18 ans.

A la mort de l’abbesse, Mesdames de France, c’est à dire les filles du roi Louis XV,  lui écrivent pour qu’il nomme Abbesse leur ancienne institutrice du temps  qu’elles étaient en l’Abbaye royale.

Ce qui fut fait le 10 juillet 1765 jour où elle  prit possession de sa nouvelle dignité

Trois jours de fête s’en suivirent ainsi que les manifestations suivantes

  • soutenance d’une thèse de théologie dédiée à l’abbesse
  • feu d’artifice donné par les religieux sur les hauteurs des bois

La nouvelle  Abbesse  se fit ensuite bénir à Paris afin d’obtenir la confirmation de tous les privilèges royaux. Son absence durera deux ans.

Madame d’Antin revient à Fontevraud le 3 septembre 1767.

Les carabiniers et les gardes de la prévôté de Saumur l’accompagnent jusqu’à l’abbaye où elle est accueillie par le prieur de Saint-Jean-de-l’Habit et par l’ensemble de la communauté.

Un dîner en son honneur, avec le Père Curé, réunit 29 personnes.

Elle va rendre visite aux moines de Saint-Jean-de-l’Habit, puis rentre par la grande porte, accompagnée par les religieux, les troupes de son escorte, et par plus de 2 000 personnes.

Un Te Deum est chanté dans l’église, et ce seront trois jours de festivités.

Le faste ne lui fait pas oublier la charge qui l’attend. Elle se consacre à l’administration de l’ordre, qui comprend encore 52 prieurés, et révise la Règle.

julie

                   http://www.cite-ideale.fr/julie-dantin-en-trois-mots/

La prospérité de l’abbaye n’est qu’apparente. Dès 1760, un édit ordonne la suppression des couvents isolés comptant moins de 16 religieux.

L’abbesse est obligée de fermer plusieurs prieurés dont celui des Loges à La Breille-les-Pins (49390).

P1060648.JPGUn relâchement s’installe chez les moines. Certains quitteront leur cloître pour aller vivre hors clôture à la Segrétainerie en bordure de l’actuelle rue Saint Jean de l’Habit  qui conduit au cimetière du bourg.

<——–( Photo de la Segrétainerie ci-contre)

Lettre de Madame l’abbesse en date du 17 juin 1786 :

Mandement du 17 juin 1786.

 » Chères filles et bien-aimées religieuses…

… mais aujourd’hui notre douleur est à son comble à la vue du triste spectacle de dissipation, de relâchement et d’insubordination qui règne dans la plupart de nos communautés où la piété, la ferveur, la régularité qui les caractérisaient autrefois ne nous laissent apercevoir aujourd’hui que les tristes restes de leur première splendeur.

Plusieurs de nos religieux, plus jaloux de briller aux yeux des hommes que de soutenir la gloire et la décence de leur état, rejettent avec mépris l’habit respectable que la religion leur a donné, pour lui préférer la soutane et même des habits courts, qu’ils ne rougissent point d’étaler dans les plaisirs du monde.

Ignorez-vous que dès les premières pierres d’un édifice commencent à tomber, tout s’ébranle, tout est sur le point de s’écrouler… »

La désaffection générale des monastères en France n’affecte pas Fontevraud car c’est un honneur pour une famille d’y faire entrer une de ses filles. Entre 1769 et 1789, il y aura 74 prises d’habits.

REVOLUTION

Le 2 novembre 1789, les biens du clergé sont confisqués.

La loi du 13 février 1790 supprime les vœux perpétuels.

Une seule moniale prêtera serment à la constitution civile du clergé national, Mademoiselle Delavau. Les autres moniales disent être bien à l’abbaye et ne pas vouloir la quitter.

Par contre, dans leur grande majorité, les moines préfèrent quitter l’abbaye et fonder une famille. Les autres refusent de prêter serment à la constitution civile du clergé et choisissent l’exil.

 

Le 19 juillet 1790, l’abbaye compte 70 dames professes et 39 sœurs converses.

La vie s’y poursuit tant bien que mal jusqu’en 1792 : le 17 août, un décret ordonne de libérer les maisons occupées par les religieuses.

La municipalité de Fontevraud, dont le maire est Alexandre Guerrier, ancien confesseur des moniales, https://dictionnaireordremonastiquedefontevraud.wordpress.com/2012/06/30/g-des-avis-divergents-sur-alexandre-guerrier-moine-defroque-de-saint-jean-de-lhabit-fontevraud-et-ancien-maire-de-la-commune/ donne à chaque religieuse une table, un bureau, une commode, un lit, un fauteuil et six chaises. Celles qui désirent rester dans la commune prêtent serment, la majorité décide de retourner dans leurs familles respectives.

Le 25 septembre 1792, Madame d’Antin est la dernière à quitter l’abbaye, déguisée en paysanne.

D’abord retirée à Angers, on la retrouve à Chartres (28000) en compagnie de l’ancien prieur de Saint-Jean-de-l’Habit. Elle mourra dans la misère à l’Hôtel-Dieu de Paris le 25 octobre 1797.

Les sœurs Liret, anciennes converses, Jeanne Rousseau, et Madame de Dillon, irlandaise de Dublin et ancienne sous-prieure vécurent à Fontevraud dans une maison de la Grande Rue( aujourd’hui rue Robert d’Arbrissel).

Elles ouvrirent une école pour les enfants du bourg et jouèrent le rôle d’infirmières.

Elles s’occuperont également de l’église paroissiale après la restauration du culte.

En 1794, Madame Aubert du Petit-Thouars, ex-chanoinesse de Fontevraud, fait une demande pour réclamer une partie des bâtiments de l’ancienne abbaye pour y loger trois ex-religieuses fontevristes qui vivent ensemble à Fontevraud et ne peuvent payer un logement à cause de leur moyens modiques. Elles n’ont reçu que le 1/6 de leur pension depuis trois ans, et ne vivent que des « petits ouvrages qu’on leur donne » ; elles pansent les malades et donnent des remèdes le plus souvent gratuitement.

Cette lettre fut-elle une approche pour essayer de faire revivre une communauté fontevriste à l’abbaye puisque Madame du Petit-Thouars termine sa lettre par « pourriez-vous accorder la même grâce à d’autres religieuses de cette même abbaye qui demeurent à Fontevraud par deux ou trois« , et précise « qu’il n’y aura aucune crainte qu’elles se réunissent en communauté« . Le renouveau fontevriste va suivre les événements politiques de l’époque.

 

Après la mort de Robespierre (28 juillet 1794), une accalmie se fait sentir, mais elle n’entraîne pas immédiatement la fin des persécutions religieuses.

Le 21 février 1795, la Convention étend la liberté du culte à toute la nation. La liberté continue sous le Directoire mais elle n’est pas entière. Les manifestations publiques, processions et cérémonies hors des églises, sont interdites.

DIRECTOIRE

Le coup d’État du 18 Fructidor an V (4 septembre 1797) ramène les Jacobins au pouvoir. Ils remettent en vigueur les lois persécutrices. Il faut attendre le Concordat de 1801 (15 juillet) pour que la liberté s’installe définitivement. Il n’est nullement question dans le Concordat des congrégations religieuses, mais le gouvernement commence à donner les premières autorisations aux sœurs de St Vincent-de-Paul durant les négociations du Concordat.

CONSULAT

Les instituts de religieuses sont nombreux à voir le jour, plus ou moins clandestinement. Le renouveau du catholicisme se marque avec vigueur dans la renaissance des monastères.

Le renouveau fontevriste s’établit dans trois petites villes, Boulaur (Gers), Brioude (Haute-Loire) et Chemillé (Maine-et-Loire), dès 1801, dû à la volonté d’anciennes moniales regrettant la vie monastique.

Après la mort de Robespierre, deux moniales du prieuré fontevriste de Longages  -31410-(diocèse de Toulouse), et quatre autres religieuses venant de Toulouse font un premier essai de résurrection dans l’ancien prieuré fontevriste de Boulaur (Gers). Les habitants de Boulaur les accueillent avec beaucoup de plaisir et les aident à s’installer.

Malheureusement au bout d’un an, elles doivent quitter les lieux suite à des tracasseries politiques. Tandis que les autres religieuses gagnent Toulouse, les deux fontevristes restent à proximité de Boulaur. Après le Concordat, les deux fontevristes réintègrent le prieuré (1801).

A la même période, quatre religieuses de l’ancien prieuré de Brioude (Haute-Loire), après avoir été recueillies chez des habitants de Brioude et subi ensuite onze mois d’emprisonnement, se regroupent en 1801 dans un immeuble qu’elles viennent d’acheter dans les faubourgs de la ville de Brioude. Elles ne peuvent s’installer dans leur ancien prieuré car les bâtiments claustraux sont occupés par la mairie et la chapelle est détruite.

En 1800 la ville de Chemillé (Maine-et-Loire) se relève péniblement de ses ruines. Le curé de la paroisse de Notre-Dame songe en premier lieu à l’œuvre scolaire car la jeunesse est privée de l’instruction chrétienne. En accord avec le maire de Chemillé, il fait appel en 1802 aux deux sœurs Rosé, anciennes moniales de l’Ordre de Fontevraud, l’une de l’abbaye mère, l’autre du prieuré fontevriste de la Regrippière (44330)- (diocèse de Nantes). Ces anciennes moniales avaient en 1792 trouvé refuge chez leur père à Angers et, bien qu’elles soient insermentées, avaient ouvert une école où elles enseignaient la musique, l’arithmétique, la grammaire et le catéchisme. Les autorités peu après les condamnèrent car elles donnaient à leurs élèves une éducation « antirépublicaine« . Elles se séparèrent et devinrent institutrices, l’une dans un château des environs de Saumur, l’autre au château de la Sorinière de Chemillé.

A partir de 1801, des suppliques sont adressées par d’anciennes religieuses de l’abbaye mère pour le rétablissement d’une communauté dans l’ex abbaye mère ou à la Sénatorerie de Saint-Florent.

Certaines moniales en 1802 abjureront le serment de Liberté-Égalité.

1 er EMPIRE

Le curé de Notre-Dame de Chemillé, en 1805, choisit les sœurs Rosé pour diriger une école de filles dans sa paroisse.

Peu à peu, les anciennes religieuses de l’abbaye mère se joignent aux deux sœurs. Ce n’est pas encore la restauration de l’Ordre, mais elles pensent à reprendre une vie régulière et suivre de nouveau la règle de Fontevraud.

En 1805, elles écrivent au cardinal Caprara https://fr.wikipedia.org/wiki/Giovanni_Battista_Caprara, nonce de Pie VII à Paris, et évoquent leur ancienne abbaye.

Le nonce leur répond que Fontevraud ne peut redevenir un asile de prière et de silence, car un décret de 1804 l’a transformée en maison de force et de correction. Il leur permet toutefois de reprendre une vie communautaire et de faire des vœux simples et provisoires. Le curé Alliot rédige des statuts provisoires.

 

Une première profession, l’une des toutes premières du diocèse d’Angers, a lieu en 1806, dans l’église paroissiale. Les vœux sont rédigés en latin, selon l’usage de Fontevraud pour les religieuses de chœur. La formule des vœux se rapproche énormément de celle prononcée dans l’ex abbaye.

Plusieurs religieuses fontevristes de la Regrippière, https://dictionnaireordremonastiquedefontevraud.wordpress.com/2013/08/08/l-le-prieure-de-la-regrippiere-en-vallet-44330-detruit-en-1793-par-les-colonnes-infernales/ ancien prieuré fontevriste du diocèse de Nantes, entendent parler de la maison de Madame Rosé. Elles sollicitent la faveur d’y être admises.

En 1808, les locaux deviennent exigus et Madame Rosé, avec l’aide de ses parents et des pensions des anciennes religieuses, de nouveaux locaux sont achetés pour y installer la communauté naissante.

En 1809, deux anciennes fontevristes de l’abbaye mère s’ajoutent à la communauté. Les habitants de Chemillé appellent l’immeuble « le couvent de Fontevraud ».

Quelques jeunes filles de Chemillé sont admises comme sœurs converses et vont prononcer leurs vœux en français (rite de l’ancienne abbaye).

 

Peu à peu la vie de la communauté s’installe avec l’école, l’instruction des novices après les heures de classe.

Ensuite, elles se réunissent dans la chambre basse qui sert de salle commune et de réfectoire. Les anciennes professes récitent le grand office, les jeunes professeurs et les postulantes récitent le petit office de la Sainte Vierge.

Après la prière, Madame Rosé prend la parole, leur raconte l’histoire de l’abbaye de Fontevraud, la vie des religieuses, et donne un avis sur la manière de tenir une classe.

D’autres religieuses demandent au Ministre Secrétaire d’État, Ministère de l’Intérieur, la cession de la maison de Saint Florent.

RESTAURATION

En 1817, les religieuses reprennent leur habit de religieuse, et une cérémonie de profession a lieu le 28 août 1817 en présence de nombreux centres de la région d’Angers, Seiches (49140) , Brigné (49700) , St-Rémy-en-Mauges (49110). Trois novices font profession de foi dans l’église de Notre Dame de Chemillé, et seront reconduites au couvent.

La nouvelle se répand dans la région. Sept ancienne religieuses de l’abbaye viennent à Chemillé, avec l’espoir de retrouver leur vie cloîtrée, orante, et observer la règle sous laquelle elles avaient prononcé leurs vœux.

 

En 1818, elles obtiennent l’autorisation de construire une chapelle et d’y conserver le Saint-Sacrement. Cela leur permet d’organiser d’une manière plus régulière leur vie conventuelle, de visiter le Saint-Sacrement sans sortir de la communauté.

La bénédiction de l’oratoire a lieu le 22 janvier 1818. A cette occasion, Monseigneur Montault, (Charles Montault des Isles ?  http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1988_num_95_3_3294 évêque d’Angers, va nommer un confesseur ordinaire pour les religieuses.

En 1819, Madame Rosé écrit au Souverain Pontife afin de donner à son monastère le nom que portait le principal cloître de Fontevraud : Sainte Marie de Fontevraud. Elle fait également une demande auprès de Monseigneur Montault pour avoir un aumônier.

A partir de 1820, le but de Madame Rosé est de restaurer l’ordre de Fontevraud. Monseigneur Montault, entrant pleinement dans ses vues, entreprendra toutes les démarches auprès de la Papauté.

Pendant ce temps, Madame Rosé agrandit la maison, établit la clôture, construit un parloir, bâtit deux chambres basses et deux dortoirs car les pensionnaires sont de plus en plus nombreuses.

Deux anciennes fontevristes venues du prieuré de Montaigu (85000) se joignent à la communauté.

 

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le Village du Pont-Neuf de Montaigu, 20 ans après le passage des troupes révolutionnaires (en rose, les bâtiments encore utilisés ; en jaune, les bâtiments ruinés – cadastre de 1814); http://montaiguvendee.fr/cms/index.php?page=montaigu-histoire-et-citoyennete

Deux ans plus tard, madame Rosé est très inquiète car elle n’a aucune nouvelle de la Papauté.

 

La vie continue. Monseigneur Montault nomme son premier vicaire général comme supérieur ecclésiastique de la communauté, et fait procéder à l’élection canonique de la Supérieure. L’élection a lieu le 25 juillet 1822 et les suffrages désignent Madame Rosé.

Mais aucun acte de l’autorité ecclésiastique ne vient entériner cette nomination et donner à la fondatrice le droit de commander au nom de l’Église. Malgré son titre de supérieure, elle signait tout simplement Rosé religieuse.

 

Deux longues années se passent encore dans l’attente. Enfin, le 30 septembre 1824, Monseigneur Montault se présente à la communauté en qualité de visiteur. Il interroge chaque sœur en particulier : il veut savoir si elle désire suivre la règle du Bienheureux Robert d’Arbrissel.

La communauté est reconnue par la Papauté. Ce n’est plus la communauté religieuse de Chemillé, mais bien l’Institution de « Sainte Marie de Fontevrault ».

Approuvée par le Pape, Madame Rosé veut l’être aussi par le Roi. Un dossier dressé par Monseigneur Montault est adressé au Ministère de l’Instruction Publique et des Affaires Ecclésiastiques.

Madame Rosé voulait aussi construire une chapelle extérieure pour isoler complètement les religieuses.

L’approbation du Roi Charles X est reçue à Chemillé au mois de février 1827.

Enfin, Madame Rosé, pour établir la clôture, pose la première pierre de la chapelle extérieure en mars 1827. La bénédiction de la chapelle aura lieu un an plus tard. A la même époque, elle fait bâtir plusieurs parloirs fermés par une grille.

Monseigneur Montault leur accorde l’autorisation d’établir un cimetière dans leur enclos.

La clôture est totalement rétablie. Il a fallu 22 ans à cette communauté pour enfin vivre une vie monastique au couvent de Saint Marie de Fontevrault de Chemillé.

 

La reconnaissance légale de la communauté de Brioude n’est obtenue qu’en 1829.

A Boulaur, devant la menace de fermeture de l’établissement, les religieuses demandent l’autorisation légale d’exister. Elles ne l’obtiendront qu’en 1847, après une enquête auprès du maire de la commune qui écrit : »que l’esprit de charité, de sagesse, de religion et d’ordre qui préside à la direction de ces sœurs a toujours concilié et leur concilie plus que jamais l’estime et la vénération des habitants du pays« .

II nde REPUBLIQUE

Réunion à Brioude, 1849 

Les trois prieurés de Chemillé, Brioude et Boulaur vivent indépendants les uns des autres. Les prieures vont se réunir en 1849 à Brioude. Peut-être voulaient-elles recréer l’Ordre qui est déjà amputé de la branche masculine. Elles vont réciter ensemble les 48 articles de la règle et unifier leur coutume.

Elles ne vont pas réformer l’Ordre de Fontevraud en plaçant une abbesse à la tête de l’Ordre : chaque supérieure dirigera indépendamment son couvent. Peut-être les évêques des trois diocèses n’ont-ils pas voulu voir diminuer leurs prérogatives sur ces couvents car l’abbaye de Fontevraud dépendait directement de la papauté.

 

Translation des cendres de Robert d’Arbrissel

Quelle ne fut pas la joie des religieuses de Chemillé lorsqu’elles reçurent en 1847 l’autorisation de la Préfecture d’Angers de transférer les cendres de Robert d’Arbrissel, le fondateur de l’Ordre de Fontevraud.

 

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  Les cendres qui sont restées depuis la Révolution à la Centrale de Fontevraud.

Elles écrivent à M. Lucas, Directeur de la Centrale. La capse qui renferme les cendres du Bienheureux Robert est remise aux religieuses de Chemillé le 22 octobre 1847. Cette capse en plomb, de forme ovoïde porte l’inscription suivante :

 » En ceste capse sont les os et cendres du digne corps du vénérable Robert d’Arbrissel, instituteur et fondateur de l’Ordre de Fontevraud, selon qu’on les trouva en son tombeau quand il fut livré et érigé en ce lieu pour faire le grand autel par le commandement et bon soing de digne abbesse et chef du dict Ordre Madame Louise de Bourbon le 5 octobre 1622« .

Après la translation des cendres, les supérieures de trois prieurés de Chemillé, Brioude et Boulaur se mobilisent de 1848 à 1860 pour obtenir de la Papauté la canonisation de leur bienheureux fondateur. Elles se font aider par Dom Guéranger, abbé de Solesmes, et par les évêques d’une dizaine de diocèses où existaient avant la Révolution des prieurés fontevristes. Une étude sérieuse serait nécessaire afin de savoir pourquoi cette canonisation n’a pas été obtenue.

La vie se poursuit dans les trois communautés.

Vie des nouvelles moniales fontevristes

Chaque jour :

5h       Signal du lever

Oraison qui dure une heure

Messe

Office de Tierce

10h     Office de Sexte

12h     None

15h     Vêpres

18h     Complies

20h     Matines et Laudes

Avant la Révolution, elles récitaient Matines et Laudes pendant la nuit, à minuit et 3h.

Nous retrouvons comme avant la Révolution deux classes de religieuses : religieuses de chœur astreintes à la prière religieuse, et converses plus particulièrement affectées aux travaux manuels (jardinage, ménage, étable, etc.).

Ces converses, souvent appelées les « Marthe » du couvent, suppléent à la récitation des offices par des prières et le chapelet tout en travaillant.

Comment  devient-on religieuse

Postulat

Une future religieuse rentre au postulat qui dure de six mois à un an. Elle s’initie aux usages de la maison.

Ensuite, elle entre au noviciat : la postulante prend la vêture, vêtue de blanc, comme une fiancée, couronnée de roses, elle est conduite par la sous-prieure et la maîtresse des novices devant la Révérende Mère Prieure qui se tient près de la grille, côté de l’Épître.

« Ma fille, que voulez-vous ?

Ma Mère, je demande la Miséricorde de Dieu, le pain et l’eau, votre Sainte Société et l’habit de Sainte Religieuse s’il vous plait de me l’accorder« .

Elle est dépouillée des livrées du monde.

Quelques instants après, la porte du fond du chœur s’ouvre et la postulante s’avance tête nue, portant une large robe de laine blanche. Un fichu blanc entoure le cou. Les cheveux flottent sur ses épaules. Elle s’avance vers le chœur en chantant le Veni Creator, tenant à la main un cierge allumé, et va s’agenouiller devant la Révérende Mère Prieure qui lui coupera trois longues mèches de cheveux et prononcera « que les boucles qui tombent de votre tête vous apprennent à retrancher de votre cœur les vanités du siècle« .

Elle reçoit alors le voile, la guimpe, le bandeau, la ceinture de laine, la coule, le voile blanc, ce voile qui symbolise l’humilité et la modestie.

La postulante devient novice.

Le postulat dure 12 à 18 mois. Elle se prépare à la profession.

Le jour de sa profession, elle fera les vœux de chasteté, de pauvreté, d’obéissance et de clôture. La profession se fera en latin pour les sœurs de chœur, en français pour les sœurs converses.

A Chemillé, en dehors de la prière, les religieuses se partagent entre les travaux manuels, les travaux d’aiguille (comme dans l’ex abbaye de Fontevraud) et l’enseignement.

Des religieuses enseignantes

Depuis 1806, le nombre d’élèves augmente considérablement.

Les religieuses enseignent le catéchisme, la lecture et l’écriture, les mathématiques, l’histoire et la géographie, et aussi des travaux manuels, la couture ordinaire et l’art de broder.

A partir de 1817, un pensionnat est ajouté à l’externat pour recevoir les élèves des environs (Chalonnes (49290) , Trémentines (49340), etc.).

Après les anciennes religieuses de l’ex abbaye de Fontevraud, la supérieure constate un affaiblissement dans l’enseignement donné aux enfants par les autres sœurs. Elle envoie une des sœurs de Chemillé reprendre des études à Angers.

II nde REPUBLIQUE

Mais à partir de 1850, une école s’ouvre à Notre Dame de Chemillé. Elles s’inquiètent, mais la confiance des parents va toujours aux dames fontevristes. Tandis que les autres écoles perdent des élèves, celle du monastère remonte et rivalise avec « les meilleurs établissements de ce genre ».

III éme REPUBLIQUE

A partir de 1875 toute une série de lois va entraîner la laïcisation de l’enseignement. Dès 1880, Jules Ferry s’attaque aux congrégations religieuses non autorisées qui tiennent des établissements scolaires. Les religieuses sont très inquiètes sur leur avenir. Peu à peu toutes ces lois aboutissent en 1901-1904 à la loi sur les associations et spoliation des ordres religieux et l’interdiction d’enseigner à tous les congréganistes.

imagesDès le 17 juin 1902 Waldeck-Rousseau ordonne par décret la fermeture de 135 établissements congréganistes. Sur 12000 dossiers de demande d’autorisation, 7500 sont rejetés sans examen. La loi du 13 juillet 1904 rompt avec le concordat de 1801. La loi de Séparation de l’Église et de l’État est l’aboutissement de la série de lois de laïcisation prise par la troisième République. La promulgation de la loi de juillet 1904 vise exclusivement les congrégations enseignantes condamnées à disparaître avant dix ans. Cette loi supprime le budget des cultes. Depuis lors l’Église de France vit sans statut légal. Pour obéir au Pape, elle fait le sacrifice de ses biens et accepte résolument la pauvreté.

L’exil

Les religieuses tentent une démarche auprès de la Direction des cultes, alléguant que les communautés ne sont pas qu’enseignantes mais aussi contemplatives. Peine perdue car, dans l’optique du gouvernement d’alors, il convient de faire disparaître aussi les communautés contemplatives.

La suppression des communautés enseignantes met un terme à une période de prospérité et oblige les sœurs à s’exiler à l’étranger, condamnant à brève échéance le développement, voire l’existence même de l’Ordre.

Seules les sœurs de Chemillé obtiennent l’autorisation de demeurer dans leur prieuré à titre d’occupantes avec néanmoins l’interdiction de recruter et d’enseigner.

Boulaur

Les habitants de Boulaur vont en pèlerinage à Notre Dame de Cahuzac pour demander la conservation du monastère. Les pères et les mères considèrent la présence des sœurs comme un honneur et un précieux avantage pour le village.

Le liquidateur fait un inventaire et expulse définitivement les religieuses le 11 novembre 1904. Il fait appel à la force armée car les habitants de Boulaur défendent le monastère. Certaines religieuses sont accueillies dans les familles, d’autres vont se séculariser.

Les habitants vont les aider à s’exiler en portant par des chemins détournés les effets de religieuses jusqu’à la frontière espagnole.

Elles vont s’installer à Vera en Navarre.

Elles commencent par demander l’autorisation au gouvernement espagnol de pouvoir vivre en communauté, de les autoriser ensuite à revêtir leur habit religieux, à dire la Saint Messe chez elles tous les jours.

Les habitants de Vera vont les aider à s’installer, et l’évêque de Pampelune leur donne l’autorisation de vivre en communauté, de suivre leur règle, et d’ouvrir une école où elles peuvent enseigner le français.

En 1910, elles accueillent avec joie les religieuses de Brioude.

Et la vie continue. Elles recrutent parmi les espagnoles.

En février 1916, elles célèbrent le huitième centenaire de la mort du Bienheureux Robert d’Arbrissel.

Souvenirs d’une implantation fontevriste à Vera (Navarre-Espagne)Voir des photos de cette implantation en activant le lien ci-aprés :

https://dictionnaireordremonastiquedefontevraud.wordpress.com/2017/02/02/souvenirs-dune-implantation-fontevriste-a-vera-navarre-espagne/

Brioude

Les religieuses infirmes sont autorisées à rester dans leur couvent.

Les sœurs valides s’exilent dans la province de Navarre. Elles font deux essais de reconstitution à Lesaca et Elizondo, non loin de Vera où sont installées celles de Boulaur.

Elles enseignent le français, l’anglais et le dessin.

Mais les difficultés financières les obligent à se joindre à la communauté de Boulaur exilée à Vera en 1910.

Mais elles sont inquiètes pour celles qui sont restées à Brioude car le prieuré va être mis en vente.

Chemillé

Les sœurs valides de Chemillé veulent rejoindre celles de Boulaur et de Brioude en Espagne, mais aucun bâtiment n’est libre pour les accueillir.

Elles se dirigent vers l’Italie où elles s’installent dans une « villa » dès 1906 aux environs de Turin.

Le prieur de l’Ordre de Cîteaux en Italie, Monseigneur l’évêque de Turin et Monseigneur Baudriller Évêque d’Angers feront tout pour les aider à s’installer par des donations.

Elles projettent d’ouvrir un pensionnat.

Plusieurs prises d’habit ont lieu en 1911 et 1913.

Elles appellent leur villa  italienne le « Petit Fontevraud ».

La première guerre mondiale favorise le retour des religieuses : les exilées italiennes réintègrent Chemillé dès le début du conflit. Elles essaieront vainement de faire rapatrier leur mobilier et effets restés en garde meuble dans la cité du Bon Pasteur de Turin.

Durant la guerre, les religieuses ouvrent une ambulance, puis un hôpital où elles vont soigner les blessés de guerre.

Elles reçoivent des décorations en 1919.

Puis dès 1921 les relations officielles entre la France et le Vatican sont rétablies.

La vie communautaire reprend avec beaucoup de difficultés, sans reconnaissance légale.

Brioude (43100)

Le couvent est transformé en caserne pendant la guerre 1914/1918. Les religieuses infirmes occupent une partie des bâtiments.

Afin de les aider, deux religieuses exilées en Espagne reviennent à Brioude en 1916.

Le reste de la communauté exilée en Espagne regagne le couvent de Brioude en 1921.

Au début des années quarante, Brioude est fermée par l’évêque du Puy.

Les deux sœurs qui restent, après un séjour dans la communauté de la Visitation de Brioude, regagnent le prieuré de Chemillé en 1942.

Boulaur (32450)

En 1919 à la demande des habitants de Boulaur et de l’archevêque d’Auch, les religieuses exilées à Vera envoient deux d’entre elles pour préparer et restaurer leur couvent de Boulaur, en vue du retour de la communauté.

Les deux religieuses d’origine française vivront seules dans leur couvent de Boulaur.

En 1926, elles louent plusieurs pièces de leur couvent, ouvrent une école, un ouvroir, et espèrent le retour des exilées.

Mère Eutrope meurt en 1932. Mère Medous reste seule. Elle ouvre son couvent à des réfugiés espagnols en 1939. Puis un établissement d’enfants anormaux s’installe en 1940 avec tout son personnel.

Le retour des exilées ne se fera pas pour des raisons liées au recrutement opéré pendant les années d’exil : la presque totalité des sœurs est d’origine espagnole et elles ne se sentent pas d’affinité particulière avec la France.

 

En Espagne

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Vera en 1915 tiré du livre des soeurs de Boulaur exilées en Navarra, Espagne.

En 1931, les troubles politiques en Espagne inquiètent la communauté. Des lois franc-maçonniques et de spoliation sont votées contre l’Église en Espagne. En 1932, l’enseignement libre est supprimé, et les communautés doivent avoir 1/3 de leurs membres de nationalité espagnole pour exister.

En 1933 les écoles tenues par les religieux sont fermées.

La communauté des religieuses exilées de Boulaur à Vera n’a plus de moyen d’existence.

 

vera

  Vera en 1996. Photo Joëlle Ernoul (APF)  

Monseigneur Baudriller Évêque d’Angers refuse de recevoir ces exilées à Chemillé.

Le défaut de recrutement et les difficultés matérielles les obligent à fusionner avec la communauté bénédictine de Lumbier (Navarre) en 1941.

La Mère Medous, restée seule à Boulaur, y mourra en octobre 1960.

REGIME DE VICHY

Après la loi Pétain du 8 avril 1942 *,  le couvent Sainte Marie de Fontevraud à Chemillé sera reconnu légalement en juillet 1942.

  • Loi n° 505 du 8 avril 1942 modifiant l’article 13 de la loi du 1er juillet 1901

  • Art. 1er. – L’article 13 de la loi du 1er juillet 1901 est abrogé et remplacé par les dispositions suivantes :

        « Art. 13. – Toute congrégation religieuse peut obtenir la reconnaissance légale par décret rendu sur avis conforme du conseil d’État;

IV éme REPUBLIQUE

A la fin de la seconde guerre mondiale commence une période d’agonie pour la communauté de Chemillé, seule survivante, due au décès des sœurs et à la crise du recrutement.

La dernière fontevriste de Brioude vivant à Chemillé meurt en 1955. L’avenir des fontevristes est incertain. L’évêque d’Angers( Mgr Chappoulie) pense sérieusement à les intégrer dans une autre communauté.

En 1951, une association des « Amis de Fontevraud » est créée dans le but de perpétuer le souvenir de l’abbaye. En 1952, cette association fait estimer les bâtiments et jardins de la communauté des fontevristes de Chemillé dans l’espoir de les acquérir.

En 1953, Monseigneur Henri-Alexandre Chappoulie, Évêque d’Angers, leur rend visite et parle toujours de leur fusion. Il leur propose une fusion avec les Bénédictines Missionnaires de Vanves.

« Fusion extinctive »

Le 4 mars 1956, les fontevristes de Chemillé intègrent la congrégation missionnaire de Vanves (92170) http://www.benedictines-ste-bathilde.fr/ . Le monastère de Chemillé est en très mauvais état. Il est préférable de chercher une autre maison.

En 1959, elles s’installent à la Barre à Martigné-Briand (49540), où elles ouvrent une hôtellerie

Le 18 septembre 1963 a lieu la translation des restes des religieuses fontevristes et de leurs aumôniers de Chemillé à Martigné-Briand. A cette occasion, les Chemillois montrent leur gratitude envers les fontevristes sœur Thérèse et sœur Gabrielle.

« Le monastère de Chemillé est le dernier du Grand Ordre de Fontevraud qui fut si florissant en France » (Cardinal Feltin, Paris 1956).

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Classé dans * Angleterre, * Espagne, * Italie, Abbaye royale de Fontevraud, Abbesses de l'Ordre, Département 31, Département 32, Département 43, Ordre monastique de Fontevraud en son ensemble, Prieurés Fontevristes

Rappel, grâce à des fouilles (1998-2007), de ce que fut le prieuré fontevristes de la Madeleine à Orléans.

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PRIEURÉ DE LA MADELEINE – PONT DE L’EUROPE

A Orléans, Loiret, la construction du Pont de l’Europe, à l’ouest d’Orléans, a suscité plusieurs interventions archéologiques entre 1998 et 2007 sur la rive nord de la Loire.

Chronique de site

Prieuré de la Madeleine – pont de l’Europe

Date de publication

19 mai 2010

Dernière modification

18 mai 2016

Les résultats de ces opérations ont permis de mieux appréhender l’occupation humaine dans cette zone périphérique de la commune. 

UNE VOIE ANTIQUE

Jusqu’au VIIIe siècle de notre ère, l’activité reste quasiment absente sur ces parcelles situées sur le rebord nord du plateau dominant le lit majeur de la Loire. Seule une voie antique bordée de champs cultivés semble définir le paysage de ce secteur. Aucune trace d’urbanisation n’a été reconnue.

L’ÉTABLISSEMENT RELIGIEUX DU HAUT MOYEN ÂGE

Ce n’est qu’à partir du IXe siècle que la première occupation humaine est décelable dans cet environnement rural situé à 2 km des murailles de la ville. Elle se caractérise par la présence d’un important enclos reconnu sur trois côtés. Ouvert vers l’est, il regroupe un grand nombre de fosses, de trous de poteaux et quelques petits bâtiments excavés. La population occupant les lieux constitue certainement une modeste communauté monastique. 

Dans le courant du Xe siècle, les lieux connaissent des modifications et les structures antérieures sont abandonnées. Dans la partie orientale du site, quelques inhumations en cercueil non cloué ont été mises au jour ; elles semblent être disposées autour d’un éventuel lieu de culte. C’est probablement vers le milieu du Xe siècle qu’est érigée à cet endroit une église en pierre, dont la première mention connue dans les textes date de 1025. Quelques bâtiments environnants ont également été retrouvés.

LE GRAND CIMETIÈRE DES ÉTRANGERS

À la même époque, la moitié nord-ouest du site est occupée par un vaste espace funéraire limité au sud par un fossé, à l’ouest par une palissade et, au nord, par un axe de circulation, persistance de la voie antique. Les inhumations sont estimées, sur la surface explorée, à au moins 4 000 à 5 000 entre le Xe et le début du XIIe siècle. 

La fonction des lieux est précisée dans un texte du début du XIe siècle : il révèle la présence d’une structure hospitalière, à vocation d’accueil, tournée vers l’assistance et l’hospitalité des voyageurs et personnes de passage et de condition modeste. L’espace funéraire attenant à l’établissement correspond sans doute au cimetière des étrangers, défunts non orléanais ou pauvres n’ayant pas les moyens (ou le droit) de se faire inhumer dans les cimetières intra muros.

LE PRIEURÉ FONTEVRISTE

À partir de 1113 (1) , l’évêque d’Orléans cède les lieux à Robert d’Arbrissel, fondateur de l’ordre de Fontevraud, afin que ce dernier y établisse un important prieuré. La règle de Fontevraud a cette particularité de permettre l’accueil d’hommes et de femmes dans un même établissement, placé sous le contrôle d’une religieuse. 

La structure hospitalière est reprise par les moniales, qui effectuent plusieurs réaménagements et reconstructions jusqu’à la fin du XIIIe ou le début du XIVe siècle pour accueillir plus de soeurs. L’espace du prieuré est clairement séparé, avec des bâtiments réservés aux hommes au nord de l’église, et les bâtiments des moniales au sud. 

À partir du XIVe siècle, l’église est reconstruite, tandis que les bâtiments conventuels dévolus aux religieuses sont distribués autour d’un cloître.

DESTRUCTIONS, RECONSTRUCTIONS ET APOGÉE

En 1428, le siège d’Orléans par les Anglais entraîne la ruine et l’abandon de l’établissement monastique. La reconstruction débute vers 1460 grâce à l’abbesse Marie de Bretagne, qui rédige en ces lieux la réforme de la règle fontevriste. Décédée en 1477, elle est inhumée à l’intérieur de l’église dans un cercueil de plomb armorié, retrouvé en 1999 (2). 

Cette période est une des plus brillantes du prieuré, car c’est à partir de lui que la réforme de l’ordre se diffuse dans les autres monastères (3) . 

Le prieuré subit de nouvelles destructions lors des troubles huguenots (protestants) entre 1562 et 1568, et les religieuses désertent les lieux jusqu’en 1597. L’ultime reconstruction débute vers 1604 et s’achève en 1623, mais l’organisation des bâtiments ne diffère que très peu de celle de la période précédente.

LA LAÏCISATION À LA PÉRIODE CONTEMPORAINE

En 1792, la communauté religieuse est expulsée et le prieuré vendu comme Bien National. Son démantèlement définitif intervient entre 1799 et 1805. (4)

Au début du XIXe siècle, les lieux sont revendus à des entrepreneurs locaux avant de devenir la propriété privée de la famille de Vauzelles. Cette dernière établit sa demeure dans un des rares bâtiments non détruits de l’établissement monastique. En 1870, Ludovic de Vauzelles (5) mène une campagne de fouille permettant de retrouver le choeur de l’église utilisée entre le XIVe et le XVIIIe siècle. 

Durant le XXe siècle, après une revente, une scierie est établie sur les lieux, avant d’accueillir un supermarché dans les années 1980. (6)

Philippe Blanchard

http://www.inrap.fr/prieure-de-la-madeleine-pont-de-l-europe-4365


Ce que le dictionnaire monastique de l’Ordre de Fontevraud sait du Prieuré de la Madeleine (1113), Commune d’Orléans (45000)

(1) NDLRBhttps://dictionnaireordremonastiquedefontevraud.wordpress.com/2013/07/17/m-2013-900-eme-anniversaire-de-la-fondation-du-prieure-de-la-magdeleine-lez-orleans/

(2) NDLRBhttps://dictionnaireordremonastiquedefontevraud.wordpress.com/2013/07/10/v-des-vases-a-encens-deposes-dans-la-tombe-de-labbesse-de-lordre-de-fontevraud-marie-de-bretagne-au-prieure-la-madeleine-dorleans/

(3) NDLRB. https://dictionnaireordremonastiquedefontevraud.wordpress.com/2011/07/02/o-prieure-fontevriste-de-la-madeleine-a-orleans/

(4) NDLRB. https://dictionnaireordremonastiquedefontevraud.wordpress.com/2012/12/07/t-tentative-de-restaurer-la-vie-monastique-fontevriste-a-la-magdeleine-lez-orleans-45000-de-1803-a-1809/

(5) NDLRB. https://dictionnaireordremonastiquedefontevraud.wordpress.com/2015/11/12/gallica-met-en-ligne-novembre-2015-lhistoire-du-prieure-de-la-magdeleine-lez-orleans/                                                                                                                                                                  https://dictionnaireordremonastiquedefontevraud.wordpress.com/2014/09/01/v-telechargez-louvrage-de-luc-de-vauzelles-sur-le-prieure-de-la-magdeleine-lez-orleans/

 (6) NDLRB. https://dictionnaireordremonastiquedefontevraud.wordpress.com/2011/09/19/s-une-stele-rue-des-charrieres-a-orleans-temoigne-du-souvenir-de-lancien-prieure-de-la-magdeleine/

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-M-L’abbaye de Fontevraud et son musée éphémère

Entretien de Philippe  Ifri avec Sylvie Marie-Scipion, directrice du cabinet in situ-muséo

Pour restituer aux publics, l’histoire de l’abbaye de Fontevraud, tour à tour lieu de culte, prison et centre culturel, le choix s’est porté sur un dispositif muséographique en mouvement et en transformation, un musée éphémère qui propose différentes lectures architecturales de l’espace organisées autour de composantes mêlant l’histoire, les sciences et les arts.

Sylvie Marie-Scipion : Lorsque Éric Verrier et moi-même avons été missionnés par le comité scientifique du Centre Culturel de l’Ouest (abbaye de Fontevraud) pour réfléchir à un projet de mise en valeur du site pour les dix ans à venir, la faisabilité d’un musée « classique » ou d’un centre d’interprétation n’était pas envisagée. Le programme de réhabilitation engagé sur le bâti est lourd et échelonné dans le temps, sur plusieurs décennies. Ce chantier, qui déploie une énergie importante en termes humains et de ressources, s’accompagne donc d’une image de transformation. Ce contexte induit l’idée du laboratoire d’idées. Concrétiser un projet muséographique avant la fin de la restauration du monument est important pour la vie du site, notamment toute la démarche de médiation sur les aspects historiques en direction des publics. La conception de nouveaux outils de rencontre avec les visiteurs s’imposait auprès des 350 000 visiteurs qui passent ici chaque année. Apporter des clés de lecture historiques est aussi un élément incontournable. Notre réflexion de départ a été de partir concrètement du lieu et de ses contenus pour répondre à la question suivante : « Quel sens veut-on ou peut-on donner à ce lieu unique aujourd’hui ? ».

Fontevraud est un perpétuel chantier. Depuis sa création, de très nombreuses phases de construction, puis de restructurations successives ont été identifiées. Sa fonction d’origine a, elle aussi, été modifiée pour une transformation radicale, celle d’abbaye en prison après la Révolution française. La forme « chantier permanent » est partie de la réponse pour Fontevraud. Aujourd’hui encore, il donne un visage particulier au lieu : mobilisation de savoir-faire issus de tous les corps de métiers, travaux physiques difficiles, changements et transformations lents qui se mesurent avec le temps. Dans ce contexte, le projet de valorisation doit donc rester modeste.

Le principe de l’exposition temporaire percute (NDLRB : ?)  l’idée du musée qualifié ici d’éphémère, pourriez-vous expliquer cette dénomination ?

La forme du paradoxe musée/éphémère permet de signaler aux visiteurs qu’ils vont prendre connaissance d’un état de la réflexion à un moment donné, en 2010. En choisissant une démarche de laboratoire, cela signifie aussi, qu’il n’y a pas une vision arrêtée de l’histoire. Ce lieu doit réaffirmer ses métamorphoses, ses fonctions et ses modes de relation avec la société : c’est tout un ensemble qui est donné à voir.

Dès 1840, l’abbatiale et le Grand-Moûtier sont classés au titre des Monuments Historiques. Depuis, Fontevraud a connu des phases de restauration importantes s’accompagnant de partis pris architecturaux. En optant pour le mode de l’éphémère, la temporalité des interprétations est soulignée. La pluralité des discours dit le paradoxe d’une part, d’un propos finalisé qui décrirait l’histoire du lieu du début à la fin et d’autre part, de celui qui assume progressions et remises en question (NDLRB : ?)  . La lecture proposée à travers différents portraits historiques ayant appartenu à des strates différentes de l’histoire de l’abbaye apporte la pluralité des points de vue confortés par chaque historien spécialiste d’une période ou d’un thème. Les portraits apportent au lieu des visages multiples.

La volonté de recréer des espaces de visite dans le monument n’est-elle pas en contradiction entre la création d’un dispositif muséographique construit dans un lieu qui suscite la rêverie et les méditations ?

5 La pratique du lieu se caractérise sous deux formes, le plein et le vide. Le plein est matérialisé par l’architecture et le vide se redessine par les cheminements multiples au travers des bâtiments. Les vides questionnent les espacesNDLRB : ?) . Dans ce projet, l’espace n’est pas considéré comme un volume à remplir, ni à agencer, encore moins à cloisonner. Il s’organise grâce à des composants mêlant histoire, sciences et arts. Les lectures architecturales proposées se font au travers d’une écriture aux confins de toutes les sciences (histoire des idées et de l’écriture, théologie, politique…) et des techniques architecturales.

Le projet est une mise en valeur du vide afin de le rendre visible. Il ne cherche pas à meubler mais à mettre en relief tout ce qui se joue dans les vides. C’est précisément dans ces vides, que se développe la rêverie (NDLRB : ?)  et que s’instaure un rapport de dialogue entre les visiteurs, le lieu et la scénographie.

Le projet se construit par étapes, le discours scientifique se tisse au fil des rencontres avec les historiens. Il prend corps dans un espace limité. Il propose une interprétation historique à partir des matériaux historiques validés aujourd’hui. Le projet assume l’idée que ces discours pourront évoluer. C’est pourquoi, un dispositif non permanent, limité dans le temps a été mis en place. Chaque module présente un portrait d’un personnage ayant un lien avec l’histoire de l’abbaye. C’est un parti pris. L’éphémère est ici didactique, le dispositif est poétique.

Votre approche semble modéliser une démarche adaptée pour chaque module, comment s’est déterminée l’implantation des différents lieux d’exposition ?

8 Comment ne pas redire tout ce qui a déjà été dit sur l’histoire de l’abbaye et comment dire tout ce que ce lieu peut encore recouvrir de non révélé ? Que doit transmettre l’exposition ? Une vérité, un prisme de connaissances croisées ? Ou bien fallait-il rendre compte d’un état de la connaissance à un moment précis de l’histoire du monument alors que les recherches nous réapprennent à le redécouvrir ?

9 Pour réponse, nous nous sommes installés dans le champ de l’expérimentation. Très vite, il a alors fallu déterminer les lieux d’installation, proposer une trame simple pouvant faire référence pour chaque module, définir le niveau de restitution en phase avec le lieu. Il y avait nécessité à coller, d’une part, à l’immédiateté de la demande et d’autre part au respect dû à l’histoire dans sa complexité et la durée.

10 D’emblée le caractère éclaté du dispositif s’impose à nous, dans le temps et dans les espaces. C’est le postulat de départ sans être une contrainte. Le parti pris muséographique se construit alors à partir de notre propre expérience du lieu. S’ensuit un long travail d’étude et d’immersion dans l’espace. Nos pas se mêlent avec ceux des visiteurs. Puis nous explorons de nouveaux cheminements. Nous prenons le temps d’observer les visiteurs dans leurs postures, leurs stations, leurs rythmes. Notre connaissance du lieu commence à s’affiner. Composer avec les vides, subvenir à l’absence d’archives et interroger les grands espaces architecturaux nous obligent à regarder autrement le lieu. Les cheminements de visite nous amènent à produire un langage parallèle. De nouveaux espaces oubliés ou inexploités s’imposent. De nouvelles perspectives s’ajoutent. Du coup, s’est posée à nous la question de la fonctionnalité des cloîtres, allées, cellules, chapelle, réfectoire, selliers, de leur origine et de leur légitimité à l’échelle du site.

11 Dès ce moment, notre trame commence à se dessiner à partir de ces matériaux rudimentaires. La trame est autant spatiale que narrative. Les liens se tissent entre les différents modules historiques retraçant les portraits de six personnages appartenant à l’histoire de l’abbaye. Depuis son fondateur, Robert d’Arbrissel, jusqu’à son histoire carcérale récente au travers des textes de Jean Genet. Chaque séquence est autonome. Pourtant, un langage commun se met en forme progressivement. Il se construit au moment du lancement de l’opération, se déconstruit, puis se reconstruit – successivement et simultanément – lorsque le contenu s’affirme. Les installations investissent des lieux différemment de l’intérieur et des extérieurs. Tous convergent vers un même espace : la salle du Trésor. Chaque dispositif devient alors le théâtre d’un fait, d’une action, d’une portion de vie en lien avec un portrait des différents personnages présentés. Chaque personnage évoque une strate de l’histoire de l’abbaye, et avec lui une période historique et une histoire intime.

12 L’exposition s’écrit et continue de s’écrire au fur et à mesure des installations. Chaque inauguration convoque la précédente. Chaque atelier est une rencontre avec un historien. Chaque portrait s’installe dans un nouvel espace ignoré des flux de visiteurs. Chaque espace est un personnage, une histoire. Nous avançons progressivement et tenons compte des aléas. Nous ne connaissons pas la forme finale du projet. C’est un atelier en mouvement. C’est une expérience expographique.

Le fil rouge se comprend à deux niveaux – les portraits et l’abbaye –, comment se reconstruit cette double perception des lieux  ?

13 Une des particularités du musée éphémère réside dans son caractère doublement problématique de la perception de son objet-sujet. D’une part, sa fonction originelle, ses périodes historiques, ses relations spécifiques avec la société, douloureuses et passionnées entre le pouvoir royal puis avec l’institution judiciaire. D’autre part, l’image du monument et la perception que l’institution en a donné et nous en donne aujourd’hui. Classée Monument Historique, l’abbaye de Fontevraud est encore une prison jusqu’en 1963 mais une quarantaine de détenus y sont maintenus pour assurer les travaux de restauration jusqu’en 1985. Les cartes postales, envoyées depuis la région de Saumur, laissent voir un lieu spirituel ignorant la prison sauf à de rares exceptions. La carte postale écrite et envoyée par Jean Genet à son éditeur Barbezat évoque ce trouble d’image.

14 Le principe scénographique du premier module joue avec cette confusion : la carte manuscrite est placée, en transparence d’une fenêtre donnant sur la cour intérieure, et au coeur d’un panneau opaque présentant une multiplicité de cartes postales d’anonymes. Niée par le photographe, la prison est absente du regard. Pourtant plusieurs centaines d’hommes emprisonnés l’habitent.

15 Le second module raconte la fondation de l’abbaye. Le parti pris muséographique joue, lui aussi, avec cette double perception. Un immense cadre métallique surplombant une maquette géomorphologique de la fondation de l’abbaye oriente le regard du visiteur vers le chevet de l’abbatiale. L’immense carte postale raconte la présence des moniales au fil des siècles puisque le cimetière a ici disparu. Le parcours extérieur, installé sur une butte, sans doute un ancien remblai, embrasse l’ensemble du site et offre une vision d’ensemble parallèle à celle de la maquette. Les éléments paysagers se lisent au travers des panneaux décrivant un cercle récréant un espace construit imaginaire.

16 Enfin, le troisième module retraçant le fabuleux destin d’Aliénor d’Aquitaine instaure cette double perception en ménageant une perspective vers les gisants depuis l’entrée sur l’abbatiale, du haut de l’escalier en pierres taillées. Un axe dispose les différents « tapis » vers les cénotaphes. Chacun ranime les lumières des vitraux se reflétant sur le dallage de l’abbatiale. Les grands tapis colorés inventent une nouvelle perception du volume tout en respectant les postures et circulations des visiteurs qui traversent l’abbatiale jusqu’au transept en pointant le regard vers les voûtes tout en se dirigeant vers les gisants. Le dispositif ne perturbe pas la déambulation du visiteur. Il s’inscrit au plus près de ses pas. Une forme d’expérimentation de la visite, à partir des visiteurs.

  Les trois premiers modules ont été menés sous les directions scientifiques respectives de Jacques Dalarun, Philippe Artières et Martin Aurell. Pour le module Jean Genet : Philippe Artières, historien et anthropologue de l’écriture ; pour le module Robert d’Arbrissel : Jacques Dalarun, directeur de recherche à l’Institut de Recherche et d’Histoire des Textes (CNRS) ; pour le module Aliénor d’Aquitaine : Martin Aurell, professeur d’Histoire du Moyen-Âge à l’université de Poitiers

Et la salle du Trésor ?

17 La trame et la circulation d’un espace à l’autre est le fil rouge qui emboîte le pas du visiteur. La salle du Trésor, point de convergences et de rencontres, invite les visiteurs à entrer dans un espace plongé dans la pénombre, silencieux. Sur le sol au quadrillage noir et blanc, quelques objets « soclés » s’imposent aux visiteurs. Une mise en scène épurée, un éclairage minimaliste conçu par le scénographe Éric Verrier soulignent avec rigueur la dimension monacale du lieu. Pour chaque inauguration, de nouveaux objets sont installés, issus de leurs réserves respectives. Leur installation, par strates successives d’histoire, recrée un rituel contemporain .

Comment se conçoit la présentation des objets dans le projet ?

18 Le projet s’élabore et se construit à partir du fil rouge que sont les portraits de personnages. Le projet ne tourne pas autour des objets mais à l’intérieur même d’un ensemble architectural remarquable. Les objets ne sont pas au cœur du dispositif mais ils y prennent une place particulière, au point de rencontre et de convergence des différents cheminements proposés. Le projet relève plus de la captation d’objets que de la présentation d’une collection. La sélection des objets s’opère en fonction d’une grille stricte de sélection. Trois objets par portrait obligent à une grande rigueur.

Le caractère précieux des objets apparaît fortement dans le dispositif de la salle du Trésor, que recouvre-t-il ?

19 Partant de l’idée que ce lieu est un réservoir de questionnements mais aussi, de désirs et d’expressions, la re-création d’une salle du Trésor est intéressante ; elle s’impose presque d’elle-même. Au sein d’une abbaye, un trésor a un sens liturgique. Il envoûte. Tout en resserrant les liens invisibles entre les éléments matériels, il canalise les pas des visiteurs. Il oblige à une posture de regardeur.

20 À Fontevraud, il n’y a pas de trésor comme celui de Conques. Pour autant, les différents cheminements des visiteurs se croisent et convergent vers le cloître et les salles qui l’entourent. La muséographie du projet conforte ces circulations qui ramènent les visiteurs vers la salle de l’ancien chauffoir. Le choix des trois objets permet la construction d’une trame serrée. Le caractère précieux de l’objet construit un corpus raisonné pour le musée éphémère. Les critères sont remis en jeu pour chaque module. Ce sont de petits objets insignifiants à nos yeux mais chers à leur propriétaire, tels, un minuscule poignard sculpté dans un débris de nacre et probablement réalisé en cachette par un prisonnier, un jeu de carte dessiné et peint par un détenu et retrouvé dissimulé entre les lattes du parquet, un cahier de chants pour les enfants. Mais ce sont aussi des objets rares ou uniques : le tau de Robert d’Arbrissel ou la Charte d’Aliénor d’Aquitaine.

Comment le musée éphémère s’adresse-t-il au visiteur ? En quoi est-il destiné au grand public ?

21 Le projet s’adresse à un large public parce qu’il raconte tout simplement l’histoire de l’abbaye au travers de personnages historiques. Ils sont autant de repères dans le temps pour parcourir 900 ans d’histoire. Ces figures sont toutes des personnalités fortes de l’histoire de l’Abbaye. Robert d’Arbrissel est le fondateur de l’abbaye de Fontevraud. Aliénor d’Aquitaine qui vécut un destin hors du commun y fit installer son gisant. Jean Genet fait de l’abbaye-prison, son personnage principal dans Miracle de la Rose. Pour expliquer les temps forts de cette abbaye confiée à des femmes, trois autres personnages ont été retenus : Marie de Bretagne, NDLRB : 25 éme Abbesse)  mère abbesse y introduit une nouvelle règle, Gabrielle de Rochechouart, femme de lettres (NDLRB : 32 éme  Abbesse !) fait venir ici tous les intellectuels de son époque et enfin Julie d’Antin est la dernière moniale (NDLRB : ? Moniale  -Sic-  il s’agit en fait de la 36 éme  Abbesse)   à quitter les lieux sous les feux de la Révolution française.

Aujourd’hui, un 3e dispositif muséographique est proposé aux visiteurs, comment s’organise l’évolution entre l’attente d’un projet initialement imaginé et les formes de son évolution ?

22 Nous n’avons aucune idée prédéfinie du résultat, seulement l’envie d’échafauder un travail en équipe, mêlant expériences et compétences complémentaires. L’installation des nouveaux modules valorise les précédents. Le sens se construit. C’est un chantier à taille humaine qui se dévoile au fur et à mesure de son avancement. Le calendrier s’adapte aussi à l’évolution du projet. La réflexion initiale a été lancée en 2008 et trois modules sont aujourd’hui installés. Les trois suivants feront partie du process mais nous n’en connaissons encore aucune orientation. Une fois installé, l’ensemble du dispositif aura une durée de vie indéterminée. Il est éphémère.

Philippe Ifri, « L’abbaye de Fontevraud et son musée éphémère », La Lettre de l’OCIM [En ligne], 133 | 2011, mis en ligne le 27 janvier 2011, consulté le 14 avril 2014. URL : http://ocim.revues.org/654 ; DOI : 10.4000/ocim.654

 

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Classé dans Département 49 (a) , Abbaye royale de Fontevraud

La chevelure cuivrée (?) de la 25 éme Abbesse Marie de Bretagne (1457-1477) .

23 janvier 2014, par Nicolas Constans

Au départ il y a une tombe du Moyen-âge sur laquelle bute une pelleteuse, un jour de neige à Orléans, en 1999. Cette tombe, c’est celle d’un abbesse, Marie de Bretagne, morte quinquagénaire, en 1477. Une femme de tête, qui régnait sur l’abbaye de Fontevraud et engagea une vaste réforme de cet ordre monastique, malgré une vive opposition. Du temps de sa splendeur, cet ordre était l’allié indéfectible des Plantagenêts : dans l’église de l’abbaye, prés  de Saumur , sont enterrés notamment deux rois d’Angleterre, Richard Cœur de Lion, Henri II et la femme du second, Aliénor d’Aquitaine.

Mais à vrai dire, ce n’est pas la vie pieuse de cette abbesse qui a intrigué des chercheurs français. Non, ce sont ses mèches de cheveux. Car leur préservation est exceptionnelle, et saute immédiatement aux yeux des archéologues. Elle surprend également les spécialistes qui les examineront, plus tard, au microscope. Soumettant ces mèches à des tests sophistiqués, au synchroton  de Grenoble ,  notamment, ils s’aperçoivent que toute l’organisation très élaborée des molécules de kératine est préservée, jusqu’au niveau des atomes. La chevelure de l’abbesse ne fait vraiment pas son âge.

Difficile de comprendre un si bon état après des siècles dans la terre orléanaise. Car habituellement, les archéologues n’observent ce genre de préservation que dans des conditions climatiques extrêmes. Par exemple les momies incas des sommets des Andes, ou celles des déserts égyptiens, ou encore les morts conservés dans la tourbe en Europe du nord. Dans un climat tempéré comme celui de la France, les champignons, bactéries et autres insectes amateurs de kératine n’en laissent en général pas grand-chose.

Alors les spécialistes sont allés faire une autre mesure. Et c’est elle qui leur a fourni la clé de l’énigme. Ils ont analysé de minuscules échantillons de ces cheveux dans un autre synchrotron, au sud de Paris Ce qui a permis de détailler le contenu de ces cheveux, leur composition chimique. Les résultats étaient surprenants. Trois substances avaient des teneurs anormalement élevées : le plomb, le calcium et le cuivre.

Pourquoi ? Pour les deux premiers, c’était facile. Marie de Bretagne était inhumée dans un cercueil en plomb, qui, après des siècles de précipitations, avait forcément un peu fui. Quant au calcium, il venait probablement des eaux calcaires de la Beauce, que l’abbesse avait sûrement bues et qui ont pu aussi imprégner son cadavre.

Mais le cuivre ? Sa teneur était vraiment très élevée. Au point d’évoquer un empoisonnement, à l’instar de l’hypothèse, peu convaincante jusqu’à présent, d’un empoisonnement de Napoléon à l’arsenic. Dans le cas de l’abbesse, il n’y aurait pas lieu, a priori, d’imaginer une conspiration maléfique, mais plutôt une intoxication alimentaire, due à la vaisselle en alliage de cuivre, très prisée au Moyen-âge.

Mais ici, ça ne tient pas. Car les concentrations relevées dans la chevelure de Marie de Bretagne sont beaucoup trop hautes. Elles sont plus de vingt fois supérieures à celles de patients empoisonnés au cuivre. Le corps de l’abbesse n’aurait pu emmagasiner de telles quantités de cuivre : elle serait morte bien avant.

Seule solution, que le cuivre ait imprégné les cheveux après la mort de l’abbesse. Mais d’où pouvait-il venir ? Il n’y avait rien dans le cercueil. Oui, mais la vie de cette tombe n’a pas toujours été un long fleuve tranquille.

En 1562 éclate la première des guerres de religion entre catholiques et protestants français, suivie de deux autres en 1567-68. Fief des huguenots, Orléans est assiégée. Le prieuré où se trouvait la tombe est brûlé et pillé. Un peu moins d’un siècle plus tard, des ouvriers qui refont le plancher du prieuré retrouvent la tombe de l’abbesse. Ils l’ouvrent, et s’étonnent de n’y trouver que quelques os. Ils les rassemblent et les inhument à nouveau.

La tombe avait-elle été profanée par des huguenots vengeurs, ou pillée ? Une chose est sûre, elle a été ouverte et en partie vidée. Pris d’un doute, les archéologues demandent alors l’autorisation de réexaminer ce qui avait été trouvé en 1999. Et là, surprise : ils découvrent quelques restes à base de cuivre. Il y a une sorte de petit rivet, accroché à un fragment du vêtement de l’abbesse, ainsi que des petits morceaux près de mèches de cheveux. Les restes, peut-être, d’ornements plus importants − boucles, épingles, etc. − qui ornaient la coiffe de l’abbesse. S’oxydant, ces parures auraient progressivement suinté un petit peu de leur cuivre sur les cheveux.

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Cheveux de Marie de Bretagne, entremêlés de petits morceaux d’un métal à base de cuivre (en vert) −Philippe Blanchard/Inrap

Ce qui expliquerait du coup pourquoi les cheveux avaient été si bien conservés. Le cuivre est en effet un poison pour nombre de micro-organismes. Il freine donc la dégradation des organes et tissus où il se trouve. Ici, son effet se serait conjugué à la protection qu’offrait le cercueil en plomb.

Quant à la chevelure de l’abbesse, impossible hélas de savoir si elle était cuivrée.

http://archeo.blog.lemonde.fr/2014/01/23/la-chevelure-cuivree-de-labbesse/

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Classé dans Département 45, Département 49 (a) , Abbaye royale de Fontevraud, Ordre monastique de Fontevraud en son ensemble

-V- Des vases à encens déposés dans la TOMBE DE L’ABBESSE de l’ordre de Fontevraud Marie de BRETAGNE au Prieuré LA MADELEINE d’ORLEANS

SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET  HISTORIQUE DE L’ORLÉANAIS 

Vendredi 10 février 2012 à 18h 

Les fouilles archéologiques   du prieuré de la Madeleine d’Orléans 

par Philippe Blanchard

Archéologue, Ingénieur de Recherches,

Institut National de Recherches Archéologiques Préventives.

 Vases à encens déposés lors de l’inhumation de la 25 eme Abbesse Marie de  Bretagne (1457-1477) , vases  visibles  grâce au lien ci-dessous :

http://www.inrap.fr/userdata/c_bloc_file/10/10752/10752_fichier_SAHO-22-Madeleine-A5.pdf

Le réaménagement du quartier de l’Europe a entraîné plusieurs fouilles archéologiques sur un espace connu pour avoir abrité un des premiers prieurés de l’ordre de Fontevraud.

Les différentes opérations archéologiques ont permis de retracer l’histoire de l’occupation humaine à la périphérie ouest d’Orléans I

Outre la voie romaine menant d’Orléans à Blois, aucun autre aménagement antique n’a été identifié. A partir du IXe s. une première occupation, peut-être monastique est supposée.Cette implantation cède la place dans le courant du Xe s. à un établissement probablement lié à l’accueil temporaire des pèlerins et voyageurs de passage.

En 1113, les lieux seront cédés à Robert d’Arbrissel, fondateur de Fontevraud pour un important prieuré qui fonctionnera jusqu’en 1792 et qui connaîtra de nombreuses destructionset reconstructions. Les fouilles ont permis de comprendre le fonctionnement des différentsespaces monastiques (cimetières, espace des moniales, des frères, cour d’accueil) et ontpermis de mettre au jour les vestiges de nombreux bâtiments du prieuré ainsi que la tombe de l’abbesse Marie de Bretagne décédée en 1477.

 

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-M- Marie de BRETAGNE. Abbesse de Fontevrault (Thése)

Marie de Bretagne , Abbesse de Fontevrault (1458-1477)                                                                           D’après la thése inédite de Bernard Palustre                                                                            L’Anjou historique 1922 p. 65-69

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