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Abbaye de Fontevraud – Le bâtiment de la Fanerie, écrin du futur Musée régional d’art moderne

Le bâtiment de la Fanerie vu en 1981 au début de la rue Saint Jean de l’Habit ©Patrice Giraud

L’abbaye royale du Maine-et-Loire va accueillir la donation d’Art Moderne privée de Martine et Léon Cligman. Cette sélection d’environ 600 œuvres sera exposée au sein d’un nouveau musée créé spécialement à cette occasion dans le bâtiment de la Fannerie.

Édifié vers 1786, le bâtiment dit de la Fannerie, est l’un des tout derniers construits du temps du fonctionnement de l’abbaye de Fontevraud. Son nom est à mettre en relation avec le stockage du foin nécessaire aux chevaux et il fait à l’origine partie d’un ensemble de bâtiments consacrés aux écuries et équipages du complexe monastique. Il remplace un grand édifice du même nom, implanté un peu plus au sud et qui datait des premiers temps de l’abbaye.
Construite dans l’axe du logis de l’abbesse qui lui fait face, cette nouvelle Fannerie s’inscrit alors dans un programme architectural homogène qui recompose et élargit les espaces de la cour d’entrée dont elle occupe la partie nord.

600 m2 de surface au sol

D’une emprise de près de 45 m par 15 m, cet édifice est l’un des plus imposants de l’abbaye de Fontevraud, offrant une surface au sol d’environ 600 m2. Il était initialement divisé intérieurement en trois espaces de dimensions et de proportions voisines, desservis chacun par un portail monumental, celui du centre différencié des deux latéraux, mais tous aussi imposants. Le volume central était doté d’un escalier, le seul à cette période, et desservait un vaste comble ; au rez-de-chaussée, il est possible qu’il ait dès les premiers temps abrité des stalles pour une dizaine de chevaux que l’on mentionne quelques années plus tard.

Construite à la veille de la Révolution française, la Fannerie change en effet rapidement d’affectation lorsque l’ancienne abbaye devient établissement pénitentiaire.
Destiné en 1804 à servir de « granges, greniers à foin et écuries pour la garde » de la future prison, le bâtiment accueille ensuite dans sa partie ouest le bûcher pour la boulangerie de la prison située au sud de la cour. L’augmentation importante des détenus au cours des années suivantes entraîne de nouveaux besoins. Par la création de planchers supplémentaires en 1824-1825, la partie orientale est subdivisée en quatre niveaux pour le stockage des graines et des farines.
En 1828, la boulangerie est transférée au rez-de-chaussée de la partie centrale de la Fannerie, où prennent place deux fours qu’un mur et un couvrement voûté isolent des autres espaces où les produits entreposés sont inflammables. Au-dessus des fours, des planchers viennent également créer des niveaux de stockages Peu après, une grande citerne est construite au rez-de-chaussée de la partie occidentale du bâtiment en guise de réserve d’eau, mais vraisemblablement aussi pour éviter la propagation d’un incendie.
Dans les années 1860, le bâtiment connaît d’importantes réaffectations. Pour concentrer les lieux de travail des détenus à l’intérieur de la clôture carcérale, la boulangerie est transférée de la Fannerie au site de l’ancien prieuré de Madeleine. Les parties orientales et centrales de l’édifice sont alors transformées pour accueillir des logements pour les gendarmes de la caserne et des magasins de stockage pour l’économat.
Pour isoler les locaux de la caserne de gendarmerie des bâtiments de l’administration pénitentiaire, un mur est édifié en travers de la cour d’honneur vers 1900. Afin de disposer d’un accès depuis l’extérieur qui soit propre à la caserne, du côté de l’actuelle rue Saint-Jean-de-l’Habit, le mur nord de la Fannerie est donc percé d’un grand portail en partie ouest dont le rez-de-chaussée devient alors un passage couvert.
En 1923, la caserne est abandonnée et le bâtiment ne connaît plus de nouvelle affectation qu’un espace à usage d’entrepôt ponctuel. L’entretien n’en est que minimal et son état se dégrade progressivement.

Un chantier de restauration

D’importants travaux de restauration des extérieurs, clos et couvert, sont réalisés en 2008, précédés d’une étude d’archéologie du bâti en 2002.
Sans affectation depuis près d’un siècle, les espaces intérieurs, cependant, sont toujours dans un état d’abandon et attendent un projet de réaffectation. La création d’un musée pour y accueillir la collection Cligman vient donc à point nommé !

https://www.patrimoine.paysdelaloire.fr/actualites/toutes-les-actualites/detail-de-lactu/actualites/detail/News/abbaye-de-fontevraud-le-batiment-de-la-fannerie-ecrin-du-futur-musee-regional-dart-moderne/

Ce lien donne  accés de plus à six précieuse illustrations dont  celle en tête  de l’article ci-dessus.

 

Au coeur de la collection Cligman

La scénographie, confiée à la designer Constance Guisset, s’attachera quant à elle à restituer une histoire de l’art par le prisme d’un collectionneur. Le visiteur sera invité à pénétrer dans l’univers du couple Cligman, découvrant leurs goûts et la logique qui a pu les conduire à faire ces acquisitions. Certaines salles seront ainsi dédiées à un artiste, un mouvement ou une technique tandis que d’autres regrouperont des œuvres de même sensibilité afin de rendre compte du regard de ceux qui les ont rassemblées.

https://www.france.fr/fr/val-de-loire/article/dans-les-coulisses-du-futur-musee-art-moderne-de-fontevraud

 

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Abbaye royale de Fontevraud. Visite de chantier du futur musée d’art moderne.

Ce musée installé  dans la  fanerie – Bâtiment  restauré et  restructuré à cette occasion – ( Cour d’Honneur  de l’Abbaye royale )  a été rendu possible  grâce à  un don de Léon et Martine Clingman. Il devrait ouvrir  dans le I er semestre 2021.

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Dominique Gagneux. Musée d’Art Moderne à l’Abbaye de Fontevraud : « Un pari osé »

Musée d’Art Moderne à l’Abbaye de Fontevraud : « Un pari osé »

« Faire un musée d’art moderne dans un monument historique tel que l’Abbaye royale de Fontevraud est un pari osé ». Ce sont les propos de Dominique Gagneux, conservateur en chef du patrimoine au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris. Rencontre

Sophie Gagneux

Conservateur en chef du patrimoine au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, Dominique Gagneux a orchestré des expositions majeures en France et à l’étranger. Depuis le 1er mars, elle dirige le futur Musée régional d’Art moderne – collection Martine et Léon Cligman de l’Abbaye royale de Fontevraud. Elle a notamment en charge l’inventaire de la magnifique collection que les époux Cligman ont cédé à l’État, et la création du musée.

Que représente la création d’un musée dans une carrière de conservateur telle que la vôtre ?
« C’est un très beau projet, très stimulant. Dans la vie d’un conservateur, c’est extraordinaire. Faire un musée d’Art moderne dans un monument historique tel que l’Abbaye royale de Fontevraud est une gageure. L’enjeu est aussi de rendre l’esprit de cette collection constituée par le regard d’un couple, dont l’épouse, Martine Cligman, elle-même artiste peintre et sculptrice, est issue d’une famille célèbre de collectionneurs. Mon souhait est de montrer comment on construit une collection avec des chefs-d’œuvre mais aussi des artistes moins connus. Ce n’est pas du tout le même processus que dans un musée où l’on expose des œuvres essentielles de l’histoire de l’art. »

Pouvez-vous décrire la collection Martine et Léon Cligman ?
« Ce qui est intéressant dans cette collection c’est qu’il y a un nombre important d’œuvres modernes du XXe mais aussi quelques œuvres du XIXe, ainsi que des antiquités, des objets d’arts d’Afrique, d’Océanie ou encore d’Extrême-Orient. Toutes ces pièces participent à créer un « musée imaginaire » comme celui qu’a décrit Malraux. S’il n’y a pas de frénésie accumulative, il y a en revanche des obsessions. Par de-là les générations, on retrouve le regard d’André Derain, qui était un ami proche du père de Martine Cligman. C’est une collection plutôt figurative avec beaucoup d’œuvres intimes et de natures mortes. Elle est née d’un regard très savant, très cultivé sur l’art du XXe siècle ainsi que sur d’autres formes d’art. Bien qu’elle soit très variée, il existe un fil conducteur entre toutes les œuvres. C’est ce fil invisible que je veux essayer de montrer. »

Que trouve-t-on plus précisément dans la première donation qui a été faite à l’État ?
« Cette première donation, qui sera effective en juillet prochain, comporte 523 numéros, totalisant environ 600 oeuvres. Y figurent des grands noms comme Henri de Toulouse-Lautrec, Eugène Delacroix, Edgar Degas, André Derain, Albert Marquet, Maurice de Vlaminck, Emil Nolde, Chaïm Soutine, Roger de La Fresnaye, Robert Delaunay, ainsi qu’un ensemble très exceptionnel de sculptures de Germaine Richier, plusieurs oeuvres grandeur nature, des verreries de Maurice Marinot, et 52 objets extra-européens. Une deuxième donation sera faite directement à la Région à la rentrée, qui comprendra notamment une belle collection d’objets égyptiens. Par ailleurs, Martine et Léon Cligman ont décidé de créer un fonds de dotation de 5 millions d’euros qui sera consacré à l’acquisition d’œuvres d’art pour compléter la collection. »

En quoi l’Abbaye de Fontevraud se prête-t-elle bien à ce projet de musée d’Art moderne ?
« L’Abbaye royale de Fontevraud est un lieu sublime avec une architecture magnifique. Le musée sera un beau contrepoint. Il sera installé dans la Fannerie, un bâtiment construit en 1786 pour entreposer le foin, qui est très intéressant car il a connu diverses réaffectations. Des étages ont été ajoutés au fil du temps. Aujourd’hui, il compte trois niveaux. Au rez-de-chaussée, se trouve notamment une très belle salle voûtée rythmée par des piliers, avec une belle charpente, qui servait de four. C’est là que nous allons intégrer les cimaises.  »

Comment voyez-vous ce musée ?
« La scénographie du musée sera réalisée par Constance Guisset avec Amandine Peyresoubes. Et le projet architectural a été confié à Christophe Batard, architecte en chef des Monuments historiques. L’idée est de réaliser un musée inattendu qui surprendra le spectateur. Un principe d’assemblage et de dialogue entre peintures et objets guidera le parcours. Des œuvres de provenances différentes seront mises en regard, dans l’idée d’un cabinet d’amateurs. Un appareil pédagogique donnera un éclairage sur la place de ces œuvres dans leur propre histoire de l’art. (…) Le public aujourd’hui est très intéressé par l’idée de la collection. C’est une façon d’entrer dans l’intimité d’une personne.  »

Quel est le calendrier ?
« L’ouverture aura lieu l’année prochaine 2019. Dans un premier temps, nous devons mener de front le travail de récolement et d’inventaire, le projet d’architecture et de scénographie, préparer la donation à la Région et enfin prévoir un chantier des collections préalable à leur installation dans le bâtiment de la Fannerie. Nous allons par ailleurs recruter un(e) régisseur et un(e) documentaliste, etc. Le délai est très court, il n’y a pas de temps à perdre ! »

Article du 27 juillet 2018 I Catégorie : Vie de la cité

http://www.saumur-kiosque.com/infos_article.php?id_actu=44477

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