Archives de Tag: Hersende de Champagne

Robert d’Arbrissel, entre philologie et histoire.

Robert d’Arbrissel († 25 février 1116) et Pierre Abélard (1079-1142) ont tous deux causé du scandale en raison de leur amitié pour deux religieuses remarquables : Hersende, fondatrice effective et magistra de Fontevraud († 30 novembre ca. 1113) et Héloïse (ca. 1095-1163), première abbesse du Paraclet . Robert et Abélard ont tous deux été accusés par Roscelin de Compiègne de transgresser les frontières entre sexes qui définissaient traditionnellement les rapports entre religieux. La magnifique édition, donnée par Jacques Dalarun et son équipe, de tous les textes connus liés à Robert est d’une telle exhaustivité qu’il peut sembler de prime abord qu’il n’y ait guère à ajouter . Mon but ici est de me concentrer, non tant sur la personnalité de Robert, que sur les critiques que lui adressa Roscelin de Compiègne (ca. 1050 – ca. 1125) et sur son impact sur Abélard. Jacques Dalarun a déjà soulevé la question des relations entre la règle d’Abélard pour le Paraclet et les premiers statuts de Fontevraud. J’aimerais prolonger ce point en suggérant que la prédication de Robert et sa réputation controversée peuvent nous aider à comprendre la critique nourrie que fait Abélard de l’hypocrisie religieuse. Je propose aussi de montrer que l’intervention de Roscelin contre Robert d’Arbrissel est liée à un conflit important entre Saint-Martin de Tours et Fontevraud, qui éclata en 1116/17, après la mort de Bertrade de Montfort, reine de France. Cette intervention a poussé Abélard à réagir avec passion contre son ancien maître dans les années 1117-1120.

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http://elec.enc.sorbonne.fr/arbrissel/mews

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L’office de tourisme du Saumurois présente la Chapelle Sainte Catherine (Fontevraud)

catherine

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par | 26 juillet 2015 · 3:46

Un point sur le prieuré fontevriste de Loudun (86200)

planI . le prieuré dans la liste du professeur  Bienvenu

Sans doute ce prieuré est-il le même  que  celui qui figure avec le N° 130  sous l’intitulé  « Saint Mathurin » dans la liste  établie par le Professeur Bienvenu et à laquelle conduit le lien ci-dessous :     http://grandmont.pagesperso-orange.fr/prieures_fontevristes.htm      

II. Localisation du prieuré

Parcelle située à l’angle de la rue Marcel Aymard et de la rue du Bourg Joly. La partie la plus « noble » de l’édifice était probablement en face du 17 rue Marcel Aymard.

loudun

III.  Naissance du  Prieuré de Loudun

Fondé  dés le début du XII siècle. Diocèse d’Angers

IV.  Vie du  Prieuré de Loudun

Autres armoiries de la propriété sises rue du Bourg Joly fortement dégradées.

« La longue maison basse, aux murs épais qui occupe  l’angle des rues  du Point-du-Jour  et du Bourg-Joly abritait un prieuré  dépendant de l’abbaye de Fontevrault, dont l’historien local Louis Charbonneau-Lassay  faisait remonter  la création à l’époque de Robert d’Arbrissel.  L’implantation fontevriste  dans la ville, dés le début du XII e siècle, est  confip1040577rmée  par plusieurs textes.C’est ainsi qu’entre 1103 et 1108, à l’occasion  de la prise d’habit de sa belle-soeur , Bernard Faurel donna son four de Loudun ‘formilium meum de Losduno’ et les étals en  dépendant à Robert d’Arbrissel  et  aux moniales de Fontevraud; il confirma ensuite  ce  don entre les mains d’Hersende ( de Champagne) ».   J.M.  Bienvenu. Grand  cartulaire de Fontevraud. Tome I . Poitiers  2000, actes n° 41 p. 33, N° 63 p.54 et n° 555 p. 342.   

La fondation de la rue du Bourg-Joly  conserva le statut de prieuré  jusqu’à la fin du XVI e  comme l’atteste un acte de 1575 concernant  le « prieuré  de Lasnerye appartenance et  deppendance  d’icelluy deppendant de labbaye de Fontevrault » ». Les troubles religieux , qui agitèrent  la ville à cette époque , peuvent expliquer  sa transformation en « seigneurye de Lasnerye de ceste ville de Lodun », devenue  demeure particulière  dés le début du siècle suivant.  Fontevraud continua cependant  à gérer les terres  dépendantes  de sa  seigneurie loudunaise comme le montre  le  » papier de recepte  de rentes  deûes à la seigneurie de la Vau et Asnerie en 1673″   reproduit  à l’annexe 15 C de l’ouvrage de Sylvette Noyelle et Sylviane Rohaut. Société  Historique du pays du loudunois . Histoire des rues de Loudun. Du Carrefour  de la Croix Bruneau à la rue Marcelle Amard (II . 2001)

Les dépendances de l’ancien prieuré se prolongaient  jusqu’à la grande map1040575ison qui fait aujourd’hui l’angle  des rues Marcel Aymard et Bourg -Joly, dont l’ancienneté  est révélée  par l’appareillage en moellons , en partie masquée par un enduit , plusieurs ouvertures  d’importance inégale  et l’amorce d’une fenêtre à meneau. Ce mur limitait  un logis  sans doute destiné à accueillir  les abbesses de Fontevraud  lorsqu’elles séjournaient  dans la ville. Il en conserva  longtemps le nom de  » maison des abbesses » et garde encore ,insérée dans le mur,  une pierre « De France au bâton péri de gueules en bande  sommé d’une  couronne royale »  représentant  les armes d’une fille de France, Jeanne Baptiste de Bourbon qui gouverna le grand monastère entre 1648 et 1670.

Sylvette Noyelle et Sylviane Rohaut. Société  Historique du pays du loudunois . Histoire des rues de Loudun. Du Carrefour  de la Croix Bruneau à la rue Marcelle Amard (II). 2001 p. 75 à 77.

V. Fin du  Prieuré de Loudun

La fondation de la rue du Bourg-Joly  conserva le statut de prieuré  jusqu’à la fin du XVI e  comme l’atteste un acte de 1575 concernant  le « prieuré  de Lasnerye appartenance et  deppendance  d’icelluy deppendant de labbaye de Fontevrault  ». Les troubles religieux , qui agitèrent  la ville à cette époque , peuvent expliquer  sa transformation en « seigneurye de Lasnerye de ceste ville de Lodun », devenue  demeure particulière  dés le début du siècle suivant.  Fontevraud continua cependant  à gérerles terres  dépendantes  de sa  seigneurie loudunaise comme le montre  le  » papier de recepte  de rentes  deûes à la seigneurie de la Vau et Asnerie en 1673″    reproduit  à l’annexe 15 C de l’ouvrage de Sylvette Noyelle et Sylviane Rohaut. Société  Historique du pays du loudunois . Histoire des rues de Loudun. Du Carrefour  de la Croix Bruneau à la rue Marcelle Amard (II). 2001.p. 75 à 77.

V. Bibliographie afférente au  Prieuré de Loudun

Sylvette Noyelle et Sylviane Rohaut. Société  Historique du pays du loudunois . Histoire des rues de Loudun. Du Carrefour  de la Croix Bruneau à la rue Marcelle Amard (II). 2001

 

 

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Le premier ordre monastique spécifiquement féminin (1133-1135)

En 1133, Abélard abandonne la direction de l’abbaye Saint Gildas  de Rhuys (56730) où, en l’absence de financement, les moines, doivent mener leurs propres affaires et ont déjà tenté, trois ou quatre ans plus tôt, d’empoisonner leur abbé réformateur.

Quatre vingt ans avant Sainte Claire, il rédige à la demande d’Héloïse la première règle monastique féminine qui ne soit pas que la déclinaison de la Règle de saint Benoît qu’avait suivie Sainte Écolasse.

Il adopte ainsi une démarche différente de celle de Norbert de Xanten, qui donne une même règle aux prémontrés hommes ou femmes, mais se montre moins progressiste que Robert d’Arbrissel et Hélisende ( NDLRB. Connue aussi sous le nom d’Hersende de Champagne) , la probable mère d’Héloïse *, qui ont conçu à Fontevrault une abbaye mixte et non pas strictement féminine, à la tête de laquelle est nommée le 28 octobre 1115 Pétronille de Chemillé, les moines se trouvant ainsi subordonnés à l’autorité d’une femme.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Abbaye_du_Paraclet

*  http://charte.de.fontevrault.over-blog.com/article-etudes-fontevristes-hersende-de-champagne-la-premiere-grande-prieure-assez-meconnue-de-l-ordre-de-fontevrault-1103-1104-a-1109-58556570.html

tml

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-S- Les trois statuts de l’ordre de Fontevraud

Capitula regularia magistri Roberti : de Fontevraud au Paraclet

Dalarun, Jacques     Comptes-rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres      Année   2003    Volume   147    Numéro   4    pp. 1601-1636

NDLRB.  L’analyse  consacrée ax  statuts de Fontevrault prend  fin vers la page  1616.

Il existe trois versions repertoriées des statuts del ’ordre. Les deux  versions latines  éditées par Michel Cosnier en 1641  et par Honorat Nicquet en 1642 ne correspondent pas  à la rédaction primitive pas plus  que la  version en moyen français éditée  en 1985.

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_2003_num_147_4_22673

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-D- LE DON FONDATEUR de Gautier de MONTSOREAU à Robert d’ARBRISSEL.

Au début du XIème siècle, Montsoreau était un point stratégique militaire et un octroi sur le fleuve. C’est à cette époque que la Seigneurie de Montsoreau est apparue, au moment où la féodalité se développe en Touraine et en Anjou. A cette époque l’éperon rocheux de Montsoreau supportait une ancienne forteresse, le castrum de Monte Sorello, mentionné dans un document de 1089.

Cette forteresse appartenait alors à Guillaume de Montsoreau, époux de Hersende de Champagne, dont il eut un fils, Gautier. Fort pieux, celui-ci donna en 1101 à Robert d’Arbrissel des terres pour y édifier l’abbaye de Fontevraud, appelée à devenir le symbole de la puissance des Plantagenêt.

Les Seigneurs de Montsoreau sont alors des vassaux des Comtes d’Anjou et ils parviennent à étendre leur influence en particulier vers Chinon et le Chinonais.

http://www.37-online.net/chateaux/montsoreau.php

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(H)- Hersende de CHAMPAGNE, PREMIERE GRANDE PRIEURE DE FONTEVRAUD (Extrait de la vie des saints du Poitou).

 « Après avoir grandi dans la perfection  sous la direction du Bienheureux Robert  et de ses disciples, , Hersende mérita bientôt  qu’un témoignage de confiance  vint révéler  la haute estime  que le fondateur faisait de ses vertus.                                                                                                                                                                                                     En effet, lorsqu’il eut donné une constitution  aux  saintes filles  qui l’entouraient , il songea qu’il fallait  un chef pour les gouverner  et pour veiller  plus spécialement aux affaires  de la congrégation ; il établit donc Hersende  comme grande-prieure des  monastères de filles , en lui donnant  pour co-adjutrice  et assistante Pétronille de Chemillé… »

Charles de Chergé. Les vies des saints du Poitou et des  personnages d’une éminente piété qui sont nés ou qui ont vécu dans cette province ; Poitiers 1856.

( Extrait – p. 194–  d’une  notice  consacrée au bienheureux Robert d’Arbrissel ; notice allant de la page 184 à la page 207)                                                                                                                                                         http://books.google.fr/books?id=9aSz1J5PtHgC&pg=PA217&dq=hersende&hl=fr&ei=5_WRTt6fJeH04QTRgsScAQ&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=5&sqi=2&ved=0CEIQ6AEwBA#v=onepage&q=hersende&f=false

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-A- VIE DE Robert d’ARBRISSEL par Evrault.

Robert d’Arbrissel né à Arbrissel, (dit autrement « arbresec »), vers 1045-1047, fils de Damalioch, recteur ( c’est-à-dire prêtre) d’Arbrissel (35130) , et de Orguen.

Ce breton (environs de Rennes), après des études médiocres, succède à son père. Il aurait probablement vécu en concubinage avec une femme (chose fort courante à l’époque pour un prêtre). En 1076, il favorise l’élection au trône épiscopal de Rennes d’un guerrier, Sylvestre de La Guerche (déposé en deux ans plus tard). Compromis dans l’élection irrégulière, Robert fuit à Paris pour étudier la théologie et  sera reçu docteur en théologie.

Cette période est marquée par la diffusion de la réforme dite « grégorienne » (Pape Grégoire VII) qui vise à un retour aux sources de la religion et plus particulièrement qui combat le mariage des prêtres et le trafic des charges de l’église (nicolaïsme & simonie). Robert semble y avoir été sensible.

En 1089, Sylvestre de La Guerche, chancelier du duc de Bretagne (Conan II), est rétabli sur son siège d’évêque de Rennes et gagné à la cause réformatrice grégorienne. Il nomme Robert archiprêtre et en fait son vicaire général. L’archiprêtre lance alors dans le diocèse des réformes, luttant contre simonie et nicolaïsme (clérogamie) en dépit de fortes oppositions rencontrées. Après avoir travaillé pendant quatre ans à l’extirpation  de ces désordres, il s’employa à pacifier les différents, à retirer les biens ecclésiastiques d’entre les mains des laïcs qui s’en étaient emparés, à rompre les mariages incestueux et à reformer le clergé.

La mort de son protecteur, en 1093, le laisse en butte à la vindicte des clercs. Il doit quitter Rennes et part pour Angers, où il va enseigner la théologie  comme écolâtre (directeur de l’école attachée à la cathédrale).

Au cours de ce séjour, il se lie à Angers avec Marbode, futur évêque de Rennes et Geoffroi, abbé de Vendôme, qui remarquent ses qualités  intellectuelles et religieuses.

Peu avant la fin  du siècle, vers 1095, il fait définitivement siens les principes de pauvreté et de pureté prônés par Grégoire VII et se retire comme ermite dans la forêt de Craon, en Anjou  mais pas trop éloigné d’Arbrissel. Il s’y vit bientôt  entouré d’une foule d’anachorètes attirés par la renommée de ses vertus et de la sainte austérité de sa vie. Sa réputation  de sainteté se répand et de nombreux clercs et laïcs le rejoignent, ce qui conduit à créer des logements qui deviennent  l’Abbaye de la Roë, octroyée le 11 février 1096 par Renaud, dit l’Allobroge ou le Bourguignon, seigneur de Craon. Il les partagea en trois colonies, se chargea d’en gouverner une et confia les autres à Vital de Mortain  et à Raoul de la Futaye.

Le 21 mars 1096, le concile de Tours le nomme prieur de l’abbaye de la Roë.

La même année, le pape Urbain II  de passage à Angers, le nomme « missionnaire apostolique » avec la permission de prêcher « per universum mundum ». Robert, « pauper Christi » (pauvre du Christ), renonce donc à la vie paisible de prieur pour parcourir les villes et les campagnes (« semeur du verbe divin »). Son exemple est suivi par d’autres prédicateurs. Ces disciples se nomment eux-mêmes « pauvres de Jésus-Christ ». Clercs et laïcs, hommes et femmes, ils dorment en pleine forêt et attirent de facto l’attention des autorités religieuses. Le bienheureux Raoul (ou Radulphe) de la Futaie (ou de la Fustaie ou de la Futaye), bénédictin et prêtre à Saint-Jouin-de-Marnes, embrasse la vie érémitique dans la forêt de Craon avec Robert d’Arbrissel, le « prince du désert ».Vital de Mortain rejoint Robert et Raoul. Bernard de Ponthieu, qui vient les trouver, et Vital de Mortain iront fonder, l’un le monastère de Tiron au diocèse de Chartres, l’autre, celui de Savigny au diocèse d’Avranches. Raoul (†1129) aidera Robert d’Arbrissel à fonder Fontevraud; et comme Robert, il fondera « en 1112 ou 1115, selon dom Morice, dans la forêt du Nid-de-Merle au diocèse et à trois lieues vers le Nord-Nord-Est de Rennes » la double abbaye de Saint-Sulpice-la-Forêt dont l’abbesse avait le gouvernement tant des religieux que des religieuses.

Il prêche la parole de Dieu, et partout entraînant après lui  une foule admirative d’hommes et de femmes de tout âge et toute condition: nobles, brigands, prostituées, miséreux, soldats, lépreux … Bien évidemment, et très rapidement, cette « cohabitation » est toute en contradiction avec les us et les coutumes du moment, et le scandale survient. Deux lettres contemporaines au moins en témoignent :

  • l’une de Geoffroy, Abbé de Vendôme, bien que lié avec Robert, l’accuse  d’indiscrétion dans sa trop grande familiarité avec les femmes qu’il gouvernait. Voici un passage de cette  lettre : « Foeminarum quasdam, ut dicilitr, mmis familiariter tecum habitare permittis, et curn ipsis etiam, et inler ipsas noclu  fréquenter cubare permittis ».
  • L’autre de l’évêque de Rennes, Marbode, qui adresse à Robert, vers 1100, une longue et sévère lettre de reproches. Elle remet en cause la justesse des pratiques évangéliques et celle de la nova religio que Robert a instituée dans sa communauté itinérante. Il lui reproche ses excès, notamment de vivre au milieu des femmes (pratique du synéïsaktisme, consitant à éprouver  sa foi en  dormant entre deux femmes), de porter un costume ridicule (vêtu de haillons), de stigmatiser les vices du peuple et plus encore ceux des grands et du clergé.

L’évêque Marbode et un concile ( avec les évêques Pierre II de Poitiers et Girard II d’Angoulême) réuni à Poitiers, en novembre 1100, imposent à Robert de se fixer quelque part et de « régler » la vie communautaire de ces hommes et femmes réunis autour de lui. Ainsi, avec l’appui de l’évêque Pierre II de Poitiers il va  fonder une abbaye dans le vallon de Fontevraud, diocèse de Poitiers, mais à l’intersection toutefois de trois provinces,et donc trois diocèses : Anjou, Poitou et Touraine.

Le site est propice car à l’emplacement d’une source nommée la fontaine d’Evrault (fons Ebraldi), bandit de légende, la forêt est généreuse (forêt de Bore) et le sous-sol un véritable gruyère de tuffeau . Il s’y installe vers Pâques 1101.

Il confie à deux femmes, les plus fidèles de ses disciples, Hersende de Champagne, parente du comte d’Anjou et veuve du seigneur de Montsoreau (village à une lieue au nord, en bord de Loire), comme prieure, secondée par Pétronille de Chemillé (plus tard la première abbesse de Fontevraud), le soin de veiller à la construction et à l’organisation du monastère, pendant qu’il repart en errance prêcher.

Cet ensemble monastique est constitué :

  • d’une abbaye-mère, le Grand Moustier où se retrouvent les nobles vierges ou  veuves, « de grande vertu » ; elles constitueront les moniales de chœur ;
  • du prieuré Saine Marie Madeleine, pour les anciennes prostituées et les femmes de « moindre vertu » ; sœurs converses ;
  • du prieuré Saint Jean de l’Habit, pour les hommes (soumis à la règle de Saint Augustin)
  • et du prieuré Saint Lazare, regroupant les moniales qui soigneront les lépreux.

Robert dédie son ordre à la Vierge Marie. En choisissant  comme devise pour son sceau la parole du Christ sur la croix à Jean: « Fils, voilà ta mère », il remet, de facto, toute l’autorité aux mains d’une femme, l’abbesse, à laquelle même les moines devront obéissance et respect filial ; et ce à une époque où la tradition populaire régionale annonçait qu’à la naissance « garçon de paille vaut fille d’or ! » C’est la grande originalité de Fontevraud.

Il jette ainsi les bases définitives de cette nouvelle communauté, placée sous la règle de Saint-Benoît mais avec une adaptation, mettant l’accent sur l’abstinence et le silence perpétuels. L’ordre monastique est placé sous le vocable de Notre-Dame du Calvaire. Robert peut alors reprendre sa vie errante, prêcher et fonder des monastères : Les Loges, Chantenois, Lencloître, La Puïe, La Lande, Tuçon en Poitou , Orsan, dans le Berry ; La Madeleine d’Orléans sur la Loire , Boubon , le prieuré de la Gasconnière, le couvent de Cadouin et celui de Haute-Bruyère près de Chartres.

L’ordre de Fontevrault, fondée par ses soins, devint en peu de temps considérable et célèbre (plus de cent prieurés).

En 1104, Robert d’Arbrissel, qui refuse d’être appelé « abbé » ou « seigneur » mais se considère comme le « magister », assiste au concile de Beaugency puis à celui de Paris où il persuade Bertrade de Montfort de se séparer du roi Philippe Ier (dont elle est l’épouse illégitime) et de renoncer au monde. Bertrade quitte la cour et se rend à Fontevraud où elle prendra le voile (elle s’éteindra vers 1117 après avoir fondé le prieuré de Haute-Bruyère). La même année meurt Renaud ou Régnault, ancien chanoine à Soissons et disciple de Robert.

L’Evêque de Poitiers  fut si satisfait de sa doctrine et des lois qu’il avait données à ses disciples, qu’il sollicita auprès du Saint-Siège les bulles  de confirmation, et, en les délivrant, le pape Pascal II déclara qu’il prenait cet ordre sous sa protection spéciale (privilège d’immédiateté). Il approuva la fondation le 25 avril 1106 puis la confirma le 5 avril des années 1112 et 1117. En 1106, la venue à l’abbaye de la duchesse de Bretagne, Ermengarde d’Anjou, apporte une renommée encore plus grande et l’appui de son frère Foulque V, duc d’Anjou.  La reine Bertrade prendra également le voile à Fontevraud.

Cependant, Robert persiste dans sa « mortification » ; et vers 1106-1107, Geoffroy, abbé de la Trinité Vendôme, lui écrit:

« Nous avons appris en effet que tu te comportes à l’égard du sexe féminin que tu as entrepris de diriger de deux manières tout à fait opposées l’une à l’autre, au point que tu excèdes totalement la règle de la mesure dans les deux cas. À certaines des femmes tu permets, dit-on, d’habiter trop familièrement avec toi, tu leur parles très souvent en privé et tu ne rougis même pas de coucher fréquemment la nuit avec elles et au milieu d’elles. Tu penses ainsi, affirmes-tu, porter dignement la croix du Seigneur sauveur, quand tu t’efforces d’éteindre l’ardeur de la chair allumée à tort. Si tu agis ainsi, ou si tu l’as parfois fait, tu as inventé un genre de martyre nouveau et sans précédent, mais sans fruit. Certes on ne peut attendre aucune sorte d’utilité ou de fruit de ce qui a été d’évidence entrepris contre la raison. »

Toujours en errance de prédicateur, en 1115, il place l’ensemble monastique sous l’autorité de Pétronille de Chemillé.

Le 18 février 1116, il tombe gravement malade en Berri, au cours d’un déplacement. Il meurt le 25 février dans le prieuré fontevriste d’Orsan (Cher). Une lutte âpre s’engage alors autour de sa dépouille (culte des reliques). Finalement, son corps regagne Fontevraud le 7 mars 1116. Il est enterré à droite du maître autel de l’abbatiale, contrairement à ses vœux (il souhaitait être enterré dans « la boue du cimetière »).

Le pape Callixtre II consacre en personne l’église et l’abbaye en 1119. La renommée de l’abbaye de Fontevraud gagne l’Espagne et l’Angleterre où des prieurés sont fondés.

La fondation de Fontevraud est contemporaine de la restauration de l’observance bénédictine par un saint moine, Robert, vers 1098, puis par saint Bernard (1113) à Cîteaux, diocèse de Châlons-sur-Marne. C’est de début de l’ère cistercienne, dont finalement, Robert, avait été, peu ou prou, le précurseur.

 Epitaphe :

En 1655, Louise de Bourbon, abbesse de Fontevraud, fît placer les restes de Robert dans un superbe tombeau de marbre,  sur lequel on lisait l’épitaphe qu’Hildebert, Evêque du Mans, avait faite en son honneur, et dont voici quelques vers :

« Attrivit lorica laïus, silis arida fauces, Dura famés stomacbum, lumina cura vigil. Induisit raro requiem sibi, rarius eseam. Gultura pascebat graraiue, corda Deo. Legibus est subjecta carq dominas rationis. Et sapor unus ei, sed sapor ille Deus ». »

Robert d’Arbrissel n’a jamais connu de culte manifeste. Pourtant certaines abbesses entameront une demande de canonisation qui fut toujours refusé.  Sa personnalité empreinte de contradictions dans lesquelles il se débattra toute sa vie ne facilitera en rien la constitution de cette demande :

  • dualité entre sa vie d’errance et son souhait de stabilité religieuse,
  • sa condition d’homme et sa dévotion à la vierge Marie et à la femme , promoteur de son émancipation ;
  •  sa pauvreté réelle et son attirance pour la richesse (puissance de l’ordre) et la noblesse.

De même, le choix fait par la première abbesse de l’inhumer dans le choeur de l’abbatiale ne permettra pas aux foules de venir de se recueillir et empêchera ainsi toute constitution de miracle.

Citations

  • Cependant, voyant augmenter la foule de ceux qui le suivaient, il décida, pour éviter tout acte inconsidéré, et puisqu’il importait que les femmes habitassent avec les hommes, de rechercher un lieu où ils pussent vivre sans scandale et de trouver un désert, s’il en rencontrait. Or, il y avait un lieu, inculte et aride, planté de buissons épineux, appelé Fontevraud depuis les temps anciens…                                            (Baudri de Bourgueil 1046-1130, évêque de Dol, Vie du bienheureux Robert d’Arbrissel)                                                                                                                       
  • A ce grand saint qui se plut à coucher                                                                                                                                                   Entre les bras de deux nonnes fessues,                                                                                                                                           A caresser quatre cuisses dodues,                                                                                                                                              Quatre tétons, et le tout sans pécher.                                                                                                                                         (Voltaire 1694-1778, 4e chant de la Pucelle)
Sources 
*     Les sept vies de Robert d’Arbrissel                           Jacques DALARUN

*   Robert d’Arbrissel et la vie religieuse dans l’ouest de la France  Jacques DALAUN

*     Robert d’Arbrissel, fondateur de Fontevraud                 Jacques DALARUN

*   L’impossible sainteté, ou la vie retrouvée de Robert d’Arbrissel  Jacques DALARUN

*    Petite vie de Robert d’Arbrissel                    Jacqueline MARTIN- BAGNAUDEZ

*    L’ étonnant fondateur de Fontevraud                   Jean-Marc BIENVENU

* Vie du bienheureux Robert d’Arbrissel                                       Maître André DESMOTS

                                                                                                              Evrault

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Classé dans Département 35, Département 36, Département 49 (b) , Commune de Fontevraud-L’Abbaye excepté l' abbaye, Département 53, Département 86

-G-Gautier de MONTSOREAU , BIENFAITEUR initial DE l’ORDRE DE FONTEVRAUD.

Au début du XIème siècle, Montsoreau était un point stratégique militaire et un octroi sur le fleuve. C’est à cette époque que la Seigneurie de Montsoreau est apparue, au moment où la féodalité se développe en Touraine et en Anjou. A cette époque l’éperon rocheux de Montsoreau supportait une ancienne forteresse, le castrum de Monte Sorello, mentionné dans un document de 1089.

Cette forteresse appartenait alors à Guillaume de Montsoreau, époux de Hersende de Champagne*, dont il eut un fils, Gautier. Fort pieux, celui-ci donna en 1101 à Robert d’Arbrissel des terres pour y édifier l’abbaye de Fontevraud, appelée à devenir le symbole de la puissance des Plantagenêts.

* Première Grande Prieure de l’Ordre de  Fontevraud (1060/1103-1104/ Décembre (?) 1114)

Les Seigneurs de Montsoreau sont alors des vassaux des Comtes d’Anjou et ils parviennent à étendre leur influence en particulier vers Chinon et le Chinonais.

http://www.37-online.net/chateaux/montsoreau.php

En 1098, Robert d’Arbrissel projette d’édifier à Fontevrault une abbaye destinée aussi bien aux hommes qu’aux femmes. Le sire de Montsoreau et quelques autres seigneurs facilitent l’opération par de multiples dons.

http://thierryhelene.bianco.free.fr/drupal/?q=node/88

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-H-PAGE de ce blog traitant d’ HERSENDE DE CHAMPAGNE

Adenda, Corrigenda.

Pour en prendre  connaissance, merci d’activer le lien ci-aprés :  http://wp.me/P1yZ4B-Q  et  dans la page intitulée : L’HISTOIRE DE L’ABBAYE DE FONTEVRAUD ET DE SES ABBESSES

Rechercher le paragraphe suivant :                                                                                                              Hersende  de  Champagne, la Première grande Prieure (1060/1103-1104/ Décembre (?) 1114)

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