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-M-L’abbaye de Fontevraud et son musée éphémère

Entretien de Philippe  Ifri avec Sylvie Marie-Scipion, directrice du cabinet in situ-muséo

Pour restituer aux publics, l’histoire de l’abbaye de Fontevraud, tour à tour lieu de culte, prison et centre culturel, le choix s’est porté sur un dispositif muséographique en mouvement et en transformation, un musée éphémère qui propose différentes lectures architecturales de l’espace organisées autour de composantes mêlant l’histoire, les sciences et les arts.

Sylvie Marie-Scipion : Lorsque Éric Verrier et moi-même avons été missionnés par le comité scientifique du Centre Culturel de l’Ouest (abbaye de Fontevraud) pour réfléchir à un projet de mise en valeur du site pour les dix ans à venir, la faisabilité d’un musée « classique » ou d’un centre d’interprétation n’était pas envisagée. Le programme de réhabilitation engagé sur le bâti est lourd et échelonné dans le temps, sur plusieurs décennies. Ce chantier, qui déploie une énergie importante en termes humains et de ressources, s’accompagne donc d’une image de transformation. Ce contexte induit l’idée du laboratoire d’idées. Concrétiser un projet muséographique avant la fin de la restauration du monument est important pour la vie du site, notamment toute la démarche de médiation sur les aspects historiques en direction des publics. La conception de nouveaux outils de rencontre avec les visiteurs s’imposait auprès des 350 000 visiteurs qui passent ici chaque année. Apporter des clés de lecture historiques est aussi un élément incontournable. Notre réflexion de départ a été de partir concrètement du lieu et de ses contenus pour répondre à la question suivante : « Quel sens veut-on ou peut-on donner à ce lieu unique aujourd’hui ? ».

Fontevraud est un perpétuel chantier. Depuis sa création, de très nombreuses phases de construction, puis de restructurations successives ont été identifiées. Sa fonction d’origine a, elle aussi, été modifiée pour une transformation radicale, celle d’abbaye en prison après la Révolution française. La forme « chantier permanent » est partie de la réponse pour Fontevraud. Aujourd’hui encore, il donne un visage particulier au lieu : mobilisation de savoir-faire issus de tous les corps de métiers, travaux physiques difficiles, changements et transformations lents qui se mesurent avec le temps. Dans ce contexte, le projet de valorisation doit donc rester modeste.

Le principe de l’exposition temporaire percute (NDLRB : ?)  l’idée du musée qualifié ici d’éphémère, pourriez-vous expliquer cette dénomination ?

La forme du paradoxe musée/éphémère permet de signaler aux visiteurs qu’ils vont prendre connaissance d’un état de la réflexion à un moment donné, en 2010. En choisissant une démarche de laboratoire, cela signifie aussi, qu’il n’y a pas une vision arrêtée de l’histoire. Ce lieu doit réaffirmer ses métamorphoses, ses fonctions et ses modes de relation avec la société : c’est tout un ensemble qui est donné à voir.

Dès 1840, l’abbatiale et le Grand-Moûtier sont classés au titre des Monuments Historiques. Depuis, Fontevraud a connu des phases de restauration importantes s’accompagnant de partis pris architecturaux. En optant pour le mode de l’éphémère, la temporalité des interprétations est soulignée. La pluralité des discours dit le paradoxe d’une part, d’un propos finalisé qui décrirait l’histoire du lieu du début à la fin et d’autre part, de celui qui assume progressions et remises en question (NDLRB : ?)  . La lecture proposée à travers différents portraits historiques ayant appartenu à des strates différentes de l’histoire de l’abbaye apporte la pluralité des points de vue confortés par chaque historien spécialiste d’une période ou d’un thème. Les portraits apportent au lieu des visages multiples.

La volonté de recréer des espaces de visite dans le monument n’est-elle pas en contradiction entre la création d’un dispositif muséographique construit dans un lieu qui suscite la rêverie et les méditations ?

5 La pratique du lieu se caractérise sous deux formes, le plein et le vide. Le plein est matérialisé par l’architecture et le vide se redessine par les cheminements multiples au travers des bâtiments. Les vides questionnent les espacesNDLRB : ?) . Dans ce projet, l’espace n’est pas considéré comme un volume à remplir, ni à agencer, encore moins à cloisonner. Il s’organise grâce à des composants mêlant histoire, sciences et arts. Les lectures architecturales proposées se font au travers d’une écriture aux confins de toutes les sciences (histoire des idées et de l’écriture, théologie, politique…) et des techniques architecturales.

Le projet est une mise en valeur du vide afin de le rendre visible. Il ne cherche pas à meubler mais à mettre en relief tout ce qui se joue dans les vides. C’est précisément dans ces vides, que se développe la rêverie (NDLRB : ?)  et que s’instaure un rapport de dialogue entre les visiteurs, le lieu et la scénographie.

Le projet se construit par étapes, le discours scientifique se tisse au fil des rencontres avec les historiens. Il prend corps dans un espace limité. Il propose une interprétation historique à partir des matériaux historiques validés aujourd’hui. Le projet assume l’idée que ces discours pourront évoluer. C’est pourquoi, un dispositif non permanent, limité dans le temps a été mis en place. Chaque module présente un portrait d’un personnage ayant un lien avec l’histoire de l’abbaye. C’est un parti pris. L’éphémère est ici didactique, le dispositif est poétique.

Votre approche semble modéliser une démarche adaptée pour chaque module, comment s’est déterminée l’implantation des différents lieux d’exposition ?

8 Comment ne pas redire tout ce qui a déjà été dit sur l’histoire de l’abbaye et comment dire tout ce que ce lieu peut encore recouvrir de non révélé ? Que doit transmettre l’exposition ? Une vérité, un prisme de connaissances croisées ? Ou bien fallait-il rendre compte d’un état de la connaissance à un moment précis de l’histoire du monument alors que les recherches nous réapprennent à le redécouvrir ?

9 Pour réponse, nous nous sommes installés dans le champ de l’expérimentation. Très vite, il a alors fallu déterminer les lieux d’installation, proposer une trame simple pouvant faire référence pour chaque module, définir le niveau de restitution en phase avec le lieu. Il y avait nécessité à coller, d’une part, à l’immédiateté de la demande et d’autre part au respect dû à l’histoire dans sa complexité et la durée.

10 D’emblée le caractère éclaté du dispositif s’impose à nous, dans le temps et dans les espaces. C’est le postulat de départ sans être une contrainte. Le parti pris muséographique se construit alors à partir de notre propre expérience du lieu. S’ensuit un long travail d’étude et d’immersion dans l’espace. Nos pas se mêlent avec ceux des visiteurs. Puis nous explorons de nouveaux cheminements. Nous prenons le temps d’observer les visiteurs dans leurs postures, leurs stations, leurs rythmes. Notre connaissance du lieu commence à s’affiner. Composer avec les vides, subvenir à l’absence d’archives et interroger les grands espaces architecturaux nous obligent à regarder autrement le lieu. Les cheminements de visite nous amènent à produire un langage parallèle. De nouveaux espaces oubliés ou inexploités s’imposent. De nouvelles perspectives s’ajoutent. Du coup, s’est posée à nous la question de la fonctionnalité des cloîtres, allées, cellules, chapelle, réfectoire, selliers, de leur origine et de leur légitimité à l’échelle du site.

11 Dès ce moment, notre trame commence à se dessiner à partir de ces matériaux rudimentaires. La trame est autant spatiale que narrative. Les liens se tissent entre les différents modules historiques retraçant les portraits de six personnages appartenant à l’histoire de l’abbaye. Depuis son fondateur, Robert d’Arbrissel, jusqu’à son histoire carcérale récente au travers des textes de Jean Genet. Chaque séquence est autonome. Pourtant, un langage commun se met en forme progressivement. Il se construit au moment du lancement de l’opération, se déconstruit, puis se reconstruit – successivement et simultanément – lorsque le contenu s’affirme. Les installations investissent des lieux différemment de l’intérieur et des extérieurs. Tous convergent vers un même espace : la salle du Trésor. Chaque dispositif devient alors le théâtre d’un fait, d’une action, d’une portion de vie en lien avec un portrait des différents personnages présentés. Chaque personnage évoque une strate de l’histoire de l’abbaye, et avec lui une période historique et une histoire intime.

12 L’exposition s’écrit et continue de s’écrire au fur et à mesure des installations. Chaque inauguration convoque la précédente. Chaque atelier est une rencontre avec un historien. Chaque portrait s’installe dans un nouvel espace ignoré des flux de visiteurs. Chaque espace est un personnage, une histoire. Nous avançons progressivement et tenons compte des aléas. Nous ne connaissons pas la forme finale du projet. C’est un atelier en mouvement. C’est une expérience expographique.

Le fil rouge se comprend à deux niveaux – les portraits et l’abbaye –, comment se reconstruit cette double perception des lieux  ?

13 Une des particularités du musée éphémère réside dans son caractère doublement problématique de la perception de son objet-sujet. D’une part, sa fonction originelle, ses périodes historiques, ses relations spécifiques avec la société, douloureuses et passionnées entre le pouvoir royal puis avec l’institution judiciaire. D’autre part, l’image du monument et la perception que l’institution en a donné et nous en donne aujourd’hui. Classée Monument Historique, l’abbaye de Fontevraud est encore une prison jusqu’en 1963 mais une quarantaine de détenus y sont maintenus pour assurer les travaux de restauration jusqu’en 1985. Les cartes postales, envoyées depuis la région de Saumur, laissent voir un lieu spirituel ignorant la prison sauf à de rares exceptions. La carte postale écrite et envoyée par Jean Genet à son éditeur Barbezat évoque ce trouble d’image.

14 Le principe scénographique du premier module joue avec cette confusion : la carte manuscrite est placée, en transparence d’une fenêtre donnant sur la cour intérieure, et au coeur d’un panneau opaque présentant une multiplicité de cartes postales d’anonymes. Niée par le photographe, la prison est absente du regard. Pourtant plusieurs centaines d’hommes emprisonnés l’habitent.

15 Le second module raconte la fondation de l’abbaye. Le parti pris muséographique joue, lui aussi, avec cette double perception. Un immense cadre métallique surplombant une maquette géomorphologique de la fondation de l’abbaye oriente le regard du visiteur vers le chevet de l’abbatiale. L’immense carte postale raconte la présence des moniales au fil des siècles puisque le cimetière a ici disparu. Le parcours extérieur, installé sur une butte, sans doute un ancien remblai, embrasse l’ensemble du site et offre une vision d’ensemble parallèle à celle de la maquette. Les éléments paysagers se lisent au travers des panneaux décrivant un cercle récréant un espace construit imaginaire.

16 Enfin, le troisième module retraçant le fabuleux destin d’Aliénor d’Aquitaine instaure cette double perception en ménageant une perspective vers les gisants depuis l’entrée sur l’abbatiale, du haut de l’escalier en pierres taillées. Un axe dispose les différents « tapis » vers les cénotaphes. Chacun ranime les lumières des vitraux se reflétant sur le dallage de l’abbatiale. Les grands tapis colorés inventent une nouvelle perception du volume tout en respectant les postures et circulations des visiteurs qui traversent l’abbatiale jusqu’au transept en pointant le regard vers les voûtes tout en se dirigeant vers les gisants. Le dispositif ne perturbe pas la déambulation du visiteur. Il s’inscrit au plus près de ses pas. Une forme d’expérimentation de la visite, à partir des visiteurs.

  Les trois premiers modules ont été menés sous les directions scientifiques respectives de Jacques Dalarun, Philippe Artières et Martin Aurell. Pour le module Jean Genet : Philippe Artières, historien et anthropologue de l’écriture ; pour le module Robert d’Arbrissel : Jacques Dalarun, directeur de recherche à l’Institut de Recherche et d’Histoire des Textes (CNRS) ; pour le module Aliénor d’Aquitaine : Martin Aurell, professeur d’Histoire du Moyen-Âge à l’université de Poitiers

Et la salle du Trésor ?

17 La trame et la circulation d’un espace à l’autre est le fil rouge qui emboîte le pas du visiteur. La salle du Trésor, point de convergences et de rencontres, invite les visiteurs à entrer dans un espace plongé dans la pénombre, silencieux. Sur le sol au quadrillage noir et blanc, quelques objets « soclés » s’imposent aux visiteurs. Une mise en scène épurée, un éclairage minimaliste conçu par le scénographe Éric Verrier soulignent avec rigueur la dimension monacale du lieu. Pour chaque inauguration, de nouveaux objets sont installés, issus de leurs réserves respectives. Leur installation, par strates successives d’histoire, recrée un rituel contemporain .

Comment se conçoit la présentation des objets dans le projet ?

18 Le projet s’élabore et se construit à partir du fil rouge que sont les portraits de personnages. Le projet ne tourne pas autour des objets mais à l’intérieur même d’un ensemble architectural remarquable. Les objets ne sont pas au cœur du dispositif mais ils y prennent une place particulière, au point de rencontre et de convergence des différents cheminements proposés. Le projet relève plus de la captation d’objets que de la présentation d’une collection. La sélection des objets s’opère en fonction d’une grille stricte de sélection. Trois objets par portrait obligent à une grande rigueur.

Le caractère précieux des objets apparaît fortement dans le dispositif de la salle du Trésor, que recouvre-t-il ?

19 Partant de l’idée que ce lieu est un réservoir de questionnements mais aussi, de désirs et d’expressions, la re-création d’une salle du Trésor est intéressante ; elle s’impose presque d’elle-même. Au sein d’une abbaye, un trésor a un sens liturgique. Il envoûte. Tout en resserrant les liens invisibles entre les éléments matériels, il canalise les pas des visiteurs. Il oblige à une posture de regardeur.

20 À Fontevraud, il n’y a pas de trésor comme celui de Conques. Pour autant, les différents cheminements des visiteurs se croisent et convergent vers le cloître et les salles qui l’entourent. La muséographie du projet conforte ces circulations qui ramènent les visiteurs vers la salle de l’ancien chauffoir. Le choix des trois objets permet la construction d’une trame serrée. Le caractère précieux de l’objet construit un corpus raisonné pour le musée éphémère. Les critères sont remis en jeu pour chaque module. Ce sont de petits objets insignifiants à nos yeux mais chers à leur propriétaire, tels, un minuscule poignard sculpté dans un débris de nacre et probablement réalisé en cachette par un prisonnier, un jeu de carte dessiné et peint par un détenu et retrouvé dissimulé entre les lattes du parquet, un cahier de chants pour les enfants. Mais ce sont aussi des objets rares ou uniques : le tau de Robert d’Arbrissel ou la Charte d’Aliénor d’Aquitaine.

Comment le musée éphémère s’adresse-t-il au visiteur ? En quoi est-il destiné au grand public ?

21 Le projet s’adresse à un large public parce qu’il raconte tout simplement l’histoire de l’abbaye au travers de personnages historiques. Ils sont autant de repères dans le temps pour parcourir 900 ans d’histoire. Ces figures sont toutes des personnalités fortes de l’histoire de l’Abbaye. Robert d’Arbrissel est le fondateur de l’abbaye de Fontevraud. Aliénor d’Aquitaine qui vécut un destin hors du commun y fit installer son gisant. Jean Genet fait de l’abbaye-prison, son personnage principal dans Miracle de la Rose. Pour expliquer les temps forts de cette abbaye confiée à des femmes, trois autres personnages ont été retenus : Marie de Bretagne, NDLRB : 25 éme Abbesse)  mère abbesse y introduit une nouvelle règle, Gabrielle de Rochechouart, femme de lettres (NDLRB : 32 éme  Abbesse !) fait venir ici tous les intellectuels de son époque et enfin Julie d’Antin est la dernière moniale (NDLRB : ? Moniale  -Sic-  il s’agit en fait de la 36 éme  Abbesse)   à quitter les lieux sous les feux de la Révolution française.

Aujourd’hui, un 3e dispositif muséographique est proposé aux visiteurs, comment s’organise l’évolution entre l’attente d’un projet initialement imaginé et les formes de son évolution ?

22 Nous n’avons aucune idée prédéfinie du résultat, seulement l’envie d’échafauder un travail en équipe, mêlant expériences et compétences complémentaires. L’installation des nouveaux modules valorise les précédents. Le sens se construit. C’est un chantier à taille humaine qui se dévoile au fur et à mesure de son avancement. Le calendrier s’adapte aussi à l’évolution du projet. La réflexion initiale a été lancée en 2008 et trois modules sont aujourd’hui installés. Les trois suivants feront partie du process mais nous n’en connaissons encore aucune orientation. Une fois installé, l’ensemble du dispositif aura une durée de vie indéterminée. Il est éphémère.

Philippe Ifri, « L’abbaye de Fontevraud et son musée éphémère », La Lettre de l’OCIM [En ligne], 133 | 2011, mis en ligne le 27 janvier 2011, consulté le 14 avril 2014. URL : http://ocim.revues.org/654 ; DOI : 10.4000/ocim.654

 

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-R- Robert d’Arbrissel, Raoul de la Fûtaie et Robert de Locunan : la trinité érémitique bretonne de la fin du 11e siècle

Pas question pour nous de donner ici un portrait de Robert d’Arbrissel dont
« l’étonnante figure » et « l’impossible sainteté » ont fait récemment l’objet d’approches
renouvelées par le regretté Jean-Marie  (NDLRB. Jean-Marc !) et l’innovant Jacques Dalarun; mais
seulement dire que certains éléments de sa biographie doivent être reconsidérés à la
lumière des travaux de ces deux chercheurs, de même que les caractères originaux de la
fondation de Fontevraud.

Ainsi en est-il de la durée de la retraite au « désert » de Robert :
sans doute moins de cinq années au total, divisées en deux périodes, ce qui est finalement
assez court rapporté à la durée de vie d’un septuagénaire.

Egalement de la question du synéisaktisme, qui paraît avoir été l’ascèse privilégiée par Robert : cette pratique
contenait-elle en germe la dimension de mixité de Fontevraud ; ou bien le fondateur du
monastère s’est-il inspiré en l’occurrence d’un modèle préexistant ?

…….

http://www.academia.edu/1205367/Robert_dArbrissel_Raoul_de_la_Futaie_et_Robert_de_Locunan_la_trinite_eremitique_bretonne_de_la_fin_du_11e_siecle

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-D- Les références à l’Ordre de Fontevraud et notions rattachées dans le « Dictionnaire du Moyen-Age »

Sous la direction de Claude Gauvard, Alain de Libera, Michel Zink

Baudri de Bourgueuil. Jacques Dalarun. p. 545

Fontevraud.  Jacques Dalarun. p. 545

Robert d’Arbrissel . Jacques Dalarun. p. 1221

Sainteté. Patrick Henriet. p. 1274 a

Collection Quadrige. Editeur  PUF 2002

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-D-Robert d’Arbrissel, fondateur de Fontevraud de Jacques Dalarun

Publié le 23 Juillet 2012

 Plan

Aux sources

La chair et le verbe

L’épreuve du feu

Visages

Le 7ème degré d’humilité

Le disciple qu’il aimait

——

Aux sources

L’ordre de Fontevraud tait le nom de son fondateur, là où les autres ordres au contraire le vénèrent. Cela parce que l’ordre de Fontevraud est un ordre double où les moines étaient soumis aux abbesses. Cet ordre s’étendit sur près de 150 prieurés en France, en Grande-Bretagne et en Espagne.

Fontevraud se compose d’une église abbatiale, Notre-Dame du Grand-Moutier, construite en partie du temps de Robert. Elle sera complétée par la première abbesse de Fontevraud, Pétronille de Chemillé.

 

Robert est né en Bretagne, à Arbrissel…..

 

http://lesboggans.over-blog.com/article-robert-d-arbrissel-fondateur-de-fontevraud-de-jacques-dalarun-108433944.html

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-D- Biographie et Bibliographie sélectives de Jacques DALARUN

Jacques DALARUN

Historien, ancien directeur des études médiévales à l’École française de Rome

L’historien français Jacques Dalarun est né en 1952. Ancien directeur des études médiévales à l’École française de Rome (1990-1997), il est ensuite directeur de l’Institut de recherche et d’histoire des textes (1998-2004), puis directeur de recherche au CNRS. Après avoir publié divers livres et contributions sur l’érémitisme dans l’Ouest de la France autour de la figure charismatique de Robert d’Arbrissel (L’impossible sainteté, 1985 ; Robert d’Arbrissel, 1986), il s’est consacré à l’étude d’expériences religieuses féminines dans l’Italie des XIIIe et XIVe siècles (La sainte et la cité, 1992 ; Lapsus linguae, 1994 ; Claire de Rimini, 1999), avant de se concentrer sur les figures de François et de Claire d’Assise (François d’Assise : un passage, 1997 ; François d’Assise ou le pouvoir en question, 1999).

Bibliographie sélective :

  • Le Moyen Âge en lumière : Manuscrits enluminés des bibliothèques de France, 2002
  • Dieu changea de sexe, pour ainsi dire. La religion faite femme, XIe-XVe siècle, 2008
  • Gouverner, c’est servir, 2012

Biographie de la Documentation de Radio France – juillet 2012.

http://www.franceinter.fr/personne-jacques-dalarun

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Capitula regularia magistri Roberti : DE FONTEVRAUD AU PARACLET

Communication par M. Jacques  Dalarun, correspondant de l’Académie où il est parlé  des trois  versions repértoriées des statuts de Fontevraud, deux versions latines (1641 et 1642) et une version en moyen français éditée en 1985.

Compte-rendu des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-lettres; Annnée 2003. Volume 147; N°4 p 1601-1636

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_2003_num_147_4_22673

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-C- Nuit du 23 au 24 juin 2012 « UNE NUIT A L’ABBAYE » dans le cadre de la  » CITE IDEALE « 

Durant la nuit du 23 au 24 juin 2012, l’Abbaye de Fontevraud devient la cité idéale la nuit avec une série de propositions intellectuelles et artistiques qui permettront de traverser cette nuit blanche.

*** 14h30 / Table ronde***

Réligion et démocratie au présent

Une table ronde avec Jacques Dalarun, Gilles Kepel et Paul Thibaud

« Fontevraud est un laboratoire, un lieu de liberté, de projection, qui permet d’appréhender l’histoire dans la perspective d’un projet de société. » C’est dans cet état d’esprit que Jacques Dalarun   propose de réfléchir à la démocratie en partant du monastère. Une table ronde organisée en partenariat avec le magazine l’Histoire .

http://www.laciteideale.com/debats/religion-et-democratie-au-present?utm_source=email-relance-cite-ideale&utm_medium=email&utm_campaign=email-relance-cite-ideale

***  21h / Concert ***

Sonia Wieder-Atherton

Seule dans l’abbatiale avec son violoncelle

« On dit d’elle qu’elle a un parcours atypique, avec un répertoire atypique, on dit ca d’elle. Mais elle cherche, elle cherche encore et toujours …, elle cherche la brèche, le son, le souffle des origines… » C’est ce que dit d’elle de façon mystérieuse la cinéaste Chantal Ackerman, qui a travaillé avec  Sonia Wierer-Atherton sur le projet « D’est en musique».

http://www.laciteideale.com/concert/sonia-wieder-atherton?utm_source=email-relance-cite-ideale&utm_medium=email&utm_campaign=email-relance-cite-ideale

*** 3h30 / Concert ***

Janski Beeeats

Musique étourdissante, vitale, électrique

Musicien et dessinateur,  Jansé  est auteur  du « Janski Beeats project » création mêlant musique et bande dessinée dans un univers futuriste inspiré des mangas japonais. Il fait escale à l’Abbaye pour un set dans les caves de l’abbesse.

http://www.laciteideale.com/concert/janski-beeeats?utm_source=email-relance-cite-ideale&utm_medium=email&utm_campaign=email-relance-cite-ideale

*** Visiter l’Abbaye la nuit***

Vivre la nuit à Fontevraud en traversant l’histoire de l’Abbaye et de la prison, évoquer les activités nocturnes des moniales et des prisonniers, magnifier par les jeux d’ombre et de lumière les mystères de l’architecture du monument… Mais aussi surprendre, laisser libre cours à l’imagination et au rêve. Avec une telle feuille de route, la nouvelle visite « L’Abbaye, la nuit », inaugurée pour la Cité idéale® 2012, promet une étonnante vision de l’histoire de Fontevraud.

A quoi ressemblent les lumineux contrastes du midi de l’Abbaye, créés par la blancheur du tuffeau, les gris bleutés de l’ardoise et l’harmonie des verts des jardins, lorsque monte la lune au minuit de la prison ? Comment s’organisent la vie nocturne de ces lieux multiséculaires peuplés du souvenir des moniales et des prisonniers ? L’expérience immersive proposée par la nouvelle visite « L’Abbaye la nuit » propose un voyage dans l’histoire des nuits de Fontevraud.

Dans l’intimité des nuits fontevristes

Commencée dans l’obscurité et le silence de la cour, la visite nocturne de Fontevraud invite à suivre les pas et la lanterne du guide jusqu’aux dortoirs où dormaient, rêvaient et cauchemardaient les religieuses. Ici, au temps du monastère, un lustre central faisait régner la lumière au cœur des ténèbres… Ici, aujourd’hui, Claude Lévêque a investi les lieux, les peuplant d’évocations lumineuses et sonores de ses propres songes, inspirés par la Loire toute proche, à découvrir en situation avec son œuvre « Mort en été ».

Ensuite, on circule du bas dortoir à la chapelle Saint-Benoît où se déroulaient les rites funéraires, de la salle capitulaire au cloître où l’on peut croiser les ombres des moniales se rendant aux offices de nuit, jusqu’à l’église abbatiale et ses gisants qui évoquent le sommeil éternel des rois Plantagenet.

Une autre vision de l’histoire de Fontevraud

« L’Abbaye la nuit », expérience sensitive, conjugue Histoire et histoires, ombres et lumières, silence et bruits (de pas, de cloches, de chants grégoriens, de clés et de serrure, …). Plantagenets et abbesses royales, prisonniers tentant de s’évader et humbles moniales en prières, gardiens sur le qui-vive et animaux nocturnes… Les habitants de la nuit de Fontevraud ne sont plus, mais ils ne demandent qu’à être évoqués dans les imaginaires de tous les visiteurs de « L’Abbaye, la nuit ». Intimité, magie et mystère s’allient pour faire de cette visite un moment exclusif porteur d’une autre vision de l’histoire de Fontevraud.

http://www.laciteideale.com/visiter-labbaye-la-nuit


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-R- ROBERT D’ARBRISSEL, ENTRE PHILOLOGIE ET HISTOIRE

Constant J. Mews. Robert d’Arbrissel, Roscelin et Abélard

Robert d’Arbrissel († 25 février 1116) et Pierre Abélard (1079-1142) ont tous deux causé du scandale en raison de leur amitié pour deux religieuses remarquables : Hersende, fondatrice effective et magistra de Fontevraud († 30 novembre ca. 1113) et Héloïse (ca. 1095-1163), première abbesse du Paraclet. Robert et Abélard ont tous deux été accusés par Roscelin de Compiègne de transgresser les frontières entre sexes qui définissaient traditionnellement les rapports entre religieux.                                                                                                                                                La magnifique édition, donnée par Jacques Dalarun et son équipe, de tous les textes connus liés à Robert est d’une telle exhaustivité qu’il peut sembler de prime abord qu’il n’y ait guère à ajouter. Mon but ici est de me concentrer, non tant sur la personnalité de Robert, que sur les critiques que lui adressa Roscelin de Compiègne (ca. 1050 – ca. 1125) et sur son impact sur Abélard. Jacques Dalarun a déjà soulevé la question des relations entre la règle d’Abélard pour le Paraclet et les premiers statuts de Fontevraud. J’aimerais prolonger ce point en suggérant que la prédication de Robert et sa réputation controversée peuvent nous aider à comprendre la critique nourrie que fait Abélard de l’hypocrisie religieuse. Je propose aussi de montrer que l’intervention de Roscelin contre Robert d’Arbrissel est liée à un conflit important entre Saint-Martin de Tours et Fontevraud, qui éclata en 1116/17, après la mort de Bertrade de Montfort, reine de France. Cette intervention a poussé Abélard à réagir avec passion contre son ancien maître dans les années 1117-1120.

……..

Article  complet                                                                                                                           Robert d’Arbrissel, entre philologie et histoire                                   Journée d’étude organisée par l’École nationale des chartes, l’Institut de recherche et d’histoire des textes et les éditions Brepols le 20 juin 2007 à l’IRHT . Institut  de recherche et d’Histoire des textes.                                                                      par le  biais du lien ci-dessous                          http://elec.enc.sorbonne.fr/arbrissel/mews

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-A- ROBERT D’ARBRISSEL PROMOTEUR DE l’AMOUR COURTOIS

Robert d’Arbrissel, fondateur de Fontevraud, avait inauguré la grande fronde féminine qui devait donner ses plus beaux fruits au «printemps du Moyen Âge». À ce fils de prêtre que rien ne semblait prédestiner au succès, à cet anachorète débordé par la renommée de son charisme, il fut reproché de vivre dans la promiscuité des femmes, non tant pour en jouir que pour se mettre à l’épreuve tantalisante de la chair 1.

S’affranchir du péché sans dédaigner ses charmes, c’était ouvertement braver l’Église, rompre avec la culpabilité qu’elle entretient à seule fin d’étrangler ses ouailles dans les lacets de la servitude.

Dans un ouvrage consacré à Robert d’Arbrissel, Jacques Dalarun évoque la rivalité entre ce fou de Dieu (et des femmes) et le premier en date des troubadours, Guillaume, VIIe comte de Poitiers, IXe duc d’Aquitaine. Enragé par le succès du clerc, Guillaume avait poussé le sacrilège jusqu’à construire «une habitation à l’image d’un monastère, disant dans son délire qu’il fondait une abbaye de prostituées 2».

Selon l’historien Reto R. Bezzola, cette rivalité constituerait un événement décisif pour l’invention de l’érotique courtoise.

1 Cf. Jacques Dalarun, Robert d’Arbrissel, fondateur de Fontevraud, Paris, Albin Michel, 1986

2. Guillaume de Malmesbury, cité par Jacques Dalarun, op. cit., p. 96

Luc Richir. La liberté est sans  pourquoi.

https://www.cairn.info/load_pdf.php?ID_ARTICLE=SN_015_0071

D’après Reto R. Bezzola*, c’est le succès de Fontevrault auprès de la noblesse féminine poitevine (et de ses femmes en particulier) qui poussa Guillaume IX, alors poète paillard, cynique et irrespectueux et des femmes et de la religion, à changer sa façon d’écrire pour composer des poèmes d’amour

p. 296 : « pour rivaliser avec l’attraction qu’exerçait sur les âmes l’amour mystique et la soumission à la ‘domina’ , que propageait Fontevrault, il eut le désir d’opposer au mysticisme ascétique de l’époque un mysticisme mondain, une élévation spirituelle de l’amour du chevalier. »

* Reto R. BEZZOLA. Les origines et la formation de la littérature courtoise en Occident (500-1200). Première partie : La tradition impériale de la fin de l’antiquité au XIe siècle. Paris, Champion, 1944. (Bibliothèque de l’École des Hautes- Études, sciences historiques et philologiques, fasc. 286.)

….

Cette hypothèse de Bezzola a été critiquée (comme a été critiquée l’hypothèse arabe). Mais en fait, l’erreur n’est -elle pas de croire à une seule source de l’amour courtois, alors qu’il peut très bien y en avoir plusieurs.

Guillaume, piqué au vif par le succès de Robert d’Arbrissel et des clercs qu’il déteste, aurait décidé lui aussi de chanter l’amour pour la domna, en s’inspirant, non pas des poésies latines de clercs, mais de la poésie arabo-andalouse.

http://www.arbre-celtique.com/forum/viewtopic.php?p=60279&sid=d2fe676a0f71eebd37779ed53f3acadc

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-C- COLLOQUE: ROBERT D’ARBRISSEL ET LA VIE RELIGIEUSE DANS L’OUEST DE LA FRANCE

Rédacteur en chef.  Jacques Dalarun.

Robert d’Arbrissel  et la vie religieuse dans l’Ouest de la France (2004)

Auteur Pierre Toubert                                                                                 Collection : Disciplina monastica                                                            Editeurs: Turnhout Brepols Publishers

 Résumé

Ce colloque a joué d’un double registre thématique: tandis qu’une part des communications était centrée sur la singularité de Fontevraud au moment de sa fondation, les autres élargissaient le champ de vision aux dimensions d’une chrétienté alors en plein bouillonnement réformateur. Le cas de Fontevraud doit également être saisi en perspective des évolutions de l’institution monastique dans la longue durée: à partir de la seconde moitié du viiie siècle, la Regula Benedicti règne quasiment sans partage sur le monachisme franc; dès le xe siècle, cet ordre «carolingienottonien», au moment même où il s’organise en puissants réseaux tel Cluny, est l’objet d’une contestation exprimée par un retour vers l’expérience érémitique. La fondation de Robert d’Arbrissel s’inscrit dans cette logique. Elle s’en détache aussi par la place qui y est donnée aux femmes, sa monumentalité, sa liaison au plus haut pouvoir politique et sa résistance initiale au mouvement général de cléricalisation du monachisme.

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Classé dans Département 49 (a) , Abbaye royale de Fontevraud