Cet ensemble sculpté en haut-relief mesure 1,30 m sur 60 cm et 35 cm de profondeur. Il est installé dans la chapelle des morts, au centre de l’aile orientale de la cour Saint-Benoît.
NDLRB . L’oeuvre d’art est maintenant présentée dans le Trésor, ancienne salle de Communauté de l’Abbaye.
Il s’agit d’un Jugement dernier, avec son cortège de saints et de damnés, de part et d’autre d’un Christ en gloire. Cet ensemble monumental a dû être abrité sous un porche à l’entrée de l’abbatiale. En fait, seul un cinquième de l’oeuvre est exposé.
La partie reconstituée témoigne d’une grande virtuosité. Le savoir-faire du sculpteur éclate dans des morceaux de bravoure : les jambes de plusieurs personnages ont été complètement détachées du bloc de tuffeau blanc.
Des encoches pratiquées sur l’épaule de deux bienheureux indiquent que les bras correspondants ont été sculptés à part puis ajustés. Des traces de polychromie subsistent : noir et or, rouge et ocre.
La qualité de ce Jugement dernier est unique : c’est une passionnante découverte à mettre au catalogue des grandes ouvres sculptées du Moyen Âge, à la frontière de l’art roman et du gothique.
Dans un premier temps, on a daté l’oeuvre du début du XIIIe siècle. Mais un texte mentionne le Jugement dernier de Fontevraud à une date antérieure : dans la biographie de Saint Hugues de Lincoln, on relate le passage à Fontevraud du saint et de Jean-Sans-Terre, au lendemain de la mort de Richard Coeur-de-Lion, en 1199. A l’entrée de l’abbatiale, le saint homme fait observer au monarque la présence de rois parmi les réprouvés et le sermonne sur ses fautes passées. Mais Jean désigne d’autres rois humbles et doux, joyeusement conduits aux cieux par des anges et déclare qu’il suivra leur exemple. S’il s’agit bien de la même oeuvre, le Jugement dernier de Fontevraud serait donc antérieur à 1199.